Indonésie : confusion absolue autour du sort de Serge Atlaoui

Les médias indonésiens affirment que le dernier recours du Français condamné à mort a été rejeté, autorisant son exécution rapide. Ce que dément son avocat.

Indonésie : confusion absolue autour du sort de Serge Atlaoui

    Le brouillard s'intensifie mardi autour du sort de Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie. Plusieurs médias locaux, dont CNN Indonesia, affirment que le recours administratif du Français, déposé après le rejet de sa demande de grâce présidentielle, a lui-même été rejeté. Ils citent un avis publié sur le site du tribunal administratif de Jakarta le 9 avril. Le document stipule en effet que les «demandes du requérant ne sont pas acceptées».

    Or, les informations obtenues par l'avocat français de Serge Atlaoui laisseraient, au contraire, penser qu'aucune décision n'a été rendue. «L'avocate indonésienne [Nancy Yuliana, ndlr] confirme qu'aucune audience n'a été fixée, et qu'il n'y a pas de décision à cette heure. Je m'en tiens donc à cette information, confirmée par l'ambassade» de France en Indonésie, explique Richard Sédillot au Parisien.fr.

    Selon le conseil du Français de 51 ans, le Quai d'Orsay confirme que le recours n'a pas été tranché. Joint au téléphone, Romain Nadal, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dit seulement que «la France reste mobilisée».

    Pour ajouter à la confusion, le porte-parole du Parquet général d'Indonésie explique à l'AFP que la procédure en cours va prendre encore «au moins deux semaines». En cas de rejet, «nous n'attendrons pas trop longtemps pour l'exécuter», a insisté Tony Spontana. Il a réaffirmé, après une première déclaration dans ce sens lundi, que le Français serait exécuté seul. En dépit d'une loi indonésienne qui veut que tous les condamnés à mort d'une même affaire soient exécutés ensemble.

    Samedi, l'Indonésie s'était appuyée sur la procédure devant le tribunal administratif de Jakarta pour donner un sursis à Serge Atlaoui. Les autorités indonésiennes affirment, depuis plusieurs semaines, que plus rien ne s'oppose à une exécution une fois l'ensemble des recours judiciaires épuisés. Aussi, les médias indonésiens s'interrogent ce mardi sur une possible exécution de Serge Atlaoui dès ce mardi soir, en même temps que 9 autres condamnés. Intox ? Dans le grand pays d'Asie du sud-est, les médias publient régulièrement les noms des condamnés dont l'exécution est imminente, des informations que les autorités démentent souvent.

    L'Union européenne, la France et l'Australie ont encore appelé mardi l'Indonésie à ne pas procéder aux exécutions. Ils demandent à Jakarta de réfléchir à «l'impact de la position indonésienne dans le monde et sa réputation internationale», et soulignent leur «ferme soutien» aux déclarations du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon.

    Ce dernier avait appelé samedi l'Indonésie à ne pas exécuter les neuf condamnés, et le président indonésien à décréter immédiatement un moratoire sur la peine de mort.

    QUESTION DU JOUR. Faut-il sanctionner l'Indonésie après l'exécution de sept étrangers pour trafic de drogue ?