VIDEO. Battue, Marine Le Pen annonce la création d'une «nouvelle force politique»

Pour la deuxième fois en 15 ans, le parti d'extrême-droite a largement échoué au second tour d'une élection présidentielle. Il devrait opérer une mue radicale, au point de changer de nom. 

    Une nouvelle ère s'ouvre à l'extrême droite du paysage politique français. Implacablement battue par Emmanuel Macron sur le chemin de l'Elysée, Marine Le Pen a annoncé dimanche soir à ses soutiens réunis au bois de Vincennes, à Paris, la création d'une «nouvelle force politique» pour remplacer le Front national.

    La dirigeante frontiste a très rapidement pris la parole, un quart d'heure à peine après les premiers résultats donnés par les chaînes de télévision qui lui accordaient environ 35% des voix. Elle s'est d'abord félicitée de ce «résultat historique et massif», pour lequel elle a remercié ses électeurs, ses militants ou encore son allié Nicolas Dupont-Aignan, et qui consacrerait le parti «première force d'opposition au projet du futur président».

    «Je serai à la tête de ce combat»

    Évoquant «l'élimination des partis anciens», elle a considéré que «ce second tour» organisait «une réorganisation politique autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes». «Je serai à la tête de ce combat» en vue des législatives, a-t-elle ajouté, alors qu'une partie de son camp s'était élevée face à sa campagne parfois jugée mauvaise, à l'image de sa prestation lors du débat d'entre-deux-tours.

    «Le Front national, qui s'est engagé dans une stratégie d'alliance, doit lui aussi profondément se renouveler», a-t-elle ensuite lancé, évoquant l'impératif d'être «à la hauteur de cette opportunité historique et des attentes des Français». Et la présidente frontiste d'aller encore plus loin : «Je proposerai d'engager une transformation de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs voeux».

    «Le Front national va changer de nom»

    Le Front national est-il donc en passe de disparaître ? Interrogé sur TF1, le vice-président du Front national, Florian Philippot, a donné de premiers éléments de réponses. «Le Front national va évoluer, profiter de cette dynamique de rassemblement et va se transformer en une nouvelle force politique, a-t-il d'abord repris. Par définition, il va changer de nom.»

    Le propos a fait sortir de ses gonds Jean-Marie Le Pen. Toute transformation du parti «dépendra du congrès du parti, a-t-il pesté auprès du Monde. Ça ne dépend ni de Marine Le Pen, ni de Florian Philippot, qui devrait être discret compte tenu de l'échec de ce soir». «Florian Philippot ne peut pas faire le fier, ni proposer un changement de nom. Il doit se rappeler qu'il n'est qu'un hôte dans cette maison», a-t-il encore appuyé. Après quoi l'intéressé répondra sèchement : «Il a fait 18 % au second tour, c'est ça? Il n'a pas de leçon à donner. C'est l'avis d'un citoyen comme un autre.»

    Il est cependant probable que c'est bien à l'encontre de son père qu'ira Marine Le Pen, qui a appelé «tous les patriotes» à «participer au combat politique décisif qui commence dès ce soir». Cette refonte serait une nouvelle étape dans la stratégie de «dé-diabolisation» inaugurée depuis son accession à la présidence du FN en 2011. Elle est visiblement nécessaire pour entretenir, quinze ans après le premier «plafond de verre» de 2002, une ambition présidentielle. Durant la campagne, ses affiches ne portaient d'ailleurs aucune mention «Front national»... ni même Le Pen. Et dans l'entre-deux-tours, la candidate avait choisi de se mettre «en congé», symboliquement, de la tête du parti.