Affaire Hulot : une accusation démentie, une autre prescrite

A la veille de la publication d’un article de presse le mettant en cause, Nicolas Hulot s’est vivement défendu ce jeudi des accusations de harcèlement et de violences sexuelles le visant.

 La plainte déposée en 2008 contre le ministre de la Transition écologique a été classée sans suite.
La plainte déposée en 2008 contre le ministre de la Transition écologique a été classée sans suite. LP/Frédéric DUGIT

    « L'affaire Hulot ». C'est la une d'Ebdo. Ce tout jeune hebdomadaire qui révèle donc ce secret vieux de vingt ans qui place le numéro 3 du gouvernement au coeur d'une tempête médiatique et politique. Puisqu'elle ne peut pas être judiciaire. Explications.

    Une première affaire... qui n'existe pas

    Le 27 mai 2016, une femme de 31 ans est entendue pendant deux heures et demie dans les locaux de la Brigade de répression des violences aux personnes (BRDP) à Paris. Un policier l'interroge dans le cadre de l'enquête sur des accusations de harcèlement sexuel visant Denis Baupin, un cadre d'Europe-Ecologie les Verts, parti dont elle a été collaboratrice parlementaire avant d'être chargée de mission à la présidence de l'Assemble nationale où elle s'occupe des relations avec le ministère de la Transition écologique et solidaire... En 2010 et 2013, cette femme a travaillé au sein de la fondation Hulot. Du coup, lorsqu'elle répond à l'enquêteur : « j'ai connu des faits de harcèlement sexuel dans un emploi précédent où l'auteur avait sous-entendu que c'est moi qui avait essayé de le séduire, me culpabilisant », certains pensent qu'elle évoque son passage au sein de la fondation Hulot. Or, selon nos informations, elle évoque une mauvaise expérience qu'elle a eu dans un supermarché lorsqu'elle était étudiante.

    Mais la rumeur est tenace et relaie l'existence d'un « protocole transactionnel » signé entre elle et la fondation Hulot. En clair, la jeune femme aurait touché de l'argent en échange de son silence. Information démentie jeudi par une source interne à la fondation, par Nicolas Hulot, et surtout démentie par l'intéressée elle-même : « je démens formellement les rumeurs me concernant. Je n'ai aucun commentaire à faire sur une affaire qui n'en est pas une ». Fin du premier acte.

    Une deuxième affaire... prescrite

    L'enquête d'Ebdo révèle l'existence d'une «deuxième piste». Pendant l'été 1997 une jeune apprentie-photographe de 20 ans aurait été abusée par Nicolas Hulot. L'hebdomadaire livre son témoignage, anonyme. Il s'agit en réalité de Pascale Mitterrand, petite fille de l'ancien président de la République et fille de son fils Gilbert. Le nom de Mitterrand avait déjà été évoqué dans une biographie non autorisée de Nicolas Hulot parue en 2010 sous la plume de Bérengère Bonte, aujourd'hui directrice adjointe d'Europe 1, qui avait consacré un chapitre à Hulot « le séducteur » (NDLR : «Sain Nicolas», Editions du Moment). « Mais je n'ai jamais entendu quoi que ce soit de délictuel ou de criminel le concernant. Pour moi il s'agissait d'une relation consentie », nous a-t-elle confié hier.

    En 1997, Pascale Mitterrand avait passé une semaine dans la maison corse de Nicolas Hulot, alors animateur phare de TF1, à la demande de son employeur l'agence de photo Sipa. D'après ses déclarations, c'est au cours de ce séjour qu'auraient eu lieu les faits. « On aurait pu se rencontrer dans plein d'autres endroits, mais c'est lui qui a insisté pour que cela se passe chez lui », relate la jeune femme à Ebdo. Pendant des années, Pascale Mitterrand n'en parle à personne. En 2008, onze ans après les faits et un an après la fin du délai de prescription, elle pousse la porte d'une brigade de gendarmerie bretonne et livre sa version sur procès verbal. Informé de cette démarche, Nicolas Hulot est entendu le 16 août de la même année. Il conteste fermement les faits. Apres trois mois d'enquête, le 3 novembre 2008, l'affaire est classée par le parquet de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), selon Chistine Le Crom, l'actuelle procureure que nous avons joint hier. Judiciairement parlant, l'affaire s'arrête là et ne connaîtra jamais de nouvel épisode.

    « Mais la prescription n'efface pas les faits », nous a confié jeudi soir un membre de la famille Mitterrand qui garde en mémoire un court « face à face » avec Pascale quand celle-ci a confié son secret avant d'aller voir les gendarmes. « J'étais resté bouche-bée. Onze années étaient passées mais elle semblait toujours très perturbée », ajoute ce proche qui précise que « Pascale n'est pas à l'origine de la publication de l'article dans Ebdo ».

    A 40 ans aujourd'hui, Pascale, qui a eu deux enfants, vit à l'étranger, très loin de la France et vient de reprendre ses études. Dans son témoignage anonyme livré à Ebdo, Pascale Mitterrand explique pourquoi elle n'a pas déposé plainte plus tôt : « Mon but n'était pas de le faire juger, mais de le mettre devant sa conscience » , avant d'affirmer que pour elle « la page était tournée ».