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Pape François : « C’est un honneur pour moi que les Américains m’attaquent »

Critiqué par des courants catholiques conservateurs qui rêvent de le remplacer par un pontife plus en accord avec leurs idées, le pape François s’en est amusé devant des journalistes.

Par  (Maputo, envoyée spéciale)

Publié le 04 septembre 2019 à 22h01, modifié le 05 septembre 2019 à 06h35

Temps de Lecture 3 min.

Le pape François avec, à la main, le livre de M. Senèze, le 4 septembre.

« C’est un honneur pour moi que les Américains m’attaquent. » La repartie du pape François a fusé, spontanée et narquoise, dans l’avion qui le conduisait au Mozambique, mercredi 4 septembre. Comme le pontife saluait un à un les journalistes présents, le correspondant au Vatican du quotidien La Croix, Nicolas Senèze, venait de lui offrir un exemplaire de son livre Comment l’Amérique veut changer de pape (Bayard éditions), qui paraissait le jour même en France. « C’est une bombe », a souri le pape en agitant le livre. Le vaticaniste expérimenté y explique les attaques subies par François ces dernières années par l’hostilité à sa « ligne » d’un puissant courant catholique conservateur américain, animé par des laïcs fortunés et influents, relayé par de puissants médias et décidé à refermer la « parenthèse » François.

En phase avec la montée du conservatisme aux Etats-Unis, en désaccord total avec la critique virulente du libéralisme économique portée imperturbablement par le chef de l’Eglise catholique, ces acteurs, qui sont aussi des financiers importants pour le Saint-Siège, auraient trempé dans un « putsch » pour renverser François, à l’été 2018. Ayant échoué, ils consacreraient aujourd’hui leurs efforts à peser sur le choix du successeur du pape argentin. Une autre façon, affirme l’auteur, de fomenter un « coup d’Etat ».

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Le pape décidé à garder son cap

Devant l’émoi soulevé par la phrase de François à l’arrière de la cabine de l’avion papal, où sont installés les journalistes, les collaborateurs du pontife jésuite, installés avec lui à l’avant, ont tenté d’en atténuer le caractère belliqueux, quelques instants plus tard. Le nouveau directeur de la salle de presse, Matteo Bruni, a présenté une déclaration indiquant que, « dans le contexte informel » des salutations du début du voyage, « le pape a voulu dire qu’il considère toujours comme un honneur les critiques, en particulier quand elles viennent de penseurs reconnus et, dans ce cas, d’une nation importante ».

Autant dire que, si François a voulu adoucir la forme, il ne renie rien du fond de sa déclaration initiale. Les attaques venues des Etats-Unis – mais pas seulement – existent bien. Elles peuvent bien se poursuivre, a-t-il signifié, elles n’auront pour effet ni de le faire taire ni de lui faire changer de cap. Il n’a d’ailleurs pas été pris au dépourvu par le livre tendu par Nicolas Senèze. Il a remercié, au contraire, le journaliste, en lui précisant qu’il avait cherché à se procurer cet ouvrage – le Vatican avait été informé de sa prochaine parution – mais qu’on lui avait dit qu’il n’était pas encore disponible.

La rentrée 2019 promet donc d’être aussi agitée que celle de 2018 à la tête de l’Eglise catholique. Ces dernières semaines, les sites et courants catholiques conservateurs ont multiplié les critiques contre plusieurs nominations récemment intervenues au Vatican, cherchant de plus en plus à enrôler la figure du pape émérite Benoît XVI dans leurs combats. Ils se mobilisent également dans la perspective du prochain synode sur l’Amazonie, en octobre, où sera débattue la possibilité d’ordonner des hommes mariés. Certains y voient une brèche inacceptable ouverte contre le sacerdoce.

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A la recherche d’un successeur

Il y a un an, fin août, était intervenu l’épisode sans doute le plus extravagant de la série d’attaques contre François, sur lequel le livre revient largement et dans lequel il voit une tentative de « putsch » visant à obtenir la démission de l’actuel pape. L’archevêque Carlo Maria Vigano, un ancien nonce (ambassadeur) aux Etats-Unis, avait accusé François, dans une lettre ouverte, d’avoir protégé le cardinal américain Theodore McCarrick – qui a depuis été privé de sa pourpre cardinalice puis renvoyé de l’état sacerdotal, en février –, accusé aujourd’hui de violences sexuelles sur mineur et de harcèlement de séminaristes. Au point de l’avoir discrètement déchargé de sanctions qui auraient été prises contre lui par Benoît XVI. L’ancien diplomate avait appelé explicitement François à renoncer au siège de Pierre. Il ne semble pas que l’état d’esprit actuel de François le pousse en ce sens.

Faute d’avoir obtenu gain de cause l’an passé, les milieux catholiques conservateurs américains auraient entrepris de passer au crible, avec une escouade d’anciens policiers, d’universitaires et d’avocats, le pedigree des quelque 125 cardinaux électeurs, qui sont aussi les successeurs possibles de François. Afin de pouvoir écarter, le moment venu, d’éventuels gêneurs et donner au prochain pontificat une coloration plus à leur goût.

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