Partager
Défense

Sous-marins australiens : la "bombe" du ministère des Armées français

Le ministère français des Armées a donné ce matin sa version de la "trahison" australienne. Selon lui, l'Australie a envoyé, le jour même de l'annulation du contrat, un document qui indiquait sa satisfaction sur l'avancée du programme, et son accord pour le poursuivre.

12 réactions
709 doc le contrat des sous-marins australienssous-marin de la classe Attack

Un sous-marin Attack de Naval Group

Naval Group

"Une trahison, le terme n'est pas galvaudé". Six jours après l'annulation du contrat de sous-marins australiens, le ministère des Armées français a – enfin- donné, mardi 21 septembre, sa version de l'événement, avec un ton qui ne cherchait manifestement pas à être diplomatique. Reprenant le terme de "duplicité" australienne évoqué par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le ministère s'est employé à dézinguer l'argument de Canberra selon lequel la possibilité d'une annulation du contrat était clairement évoquée depuis des mois. Et à marteler que le choix d'un sous-marin nucléaire par l'Australie signifiera un coût bien plus élevé, un calendrier bien plus long et un défi industriel colossal pour Canberra. 

A l'appui de son discours, l'hôtel de Brienne a dégainé une petite bombe. "Le jour même de l’annonce AUKUS, les Australiens ont écrit à la France pour dire qu’ils étaient satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme, assure Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées. En clair : en avant pour lancer la prochaine phase du contrat." Le soir-même, Joe Biden, Boris Johnson et le premier ministre australien Scott Morrison lançaient en grande pompe le projet AUKUS, envoyant par le fonds le projet de sous-marins Attack... Interrogé, le ministère des Armées a assuré ne pas avoir encore décidé s'il publiera le document... qui pourrait se révéler un missile redoutable destiné à Canberra.

Livraison en 2040 ?

Le ministère des Armées s'est aussi employé à éreinter le choix de sous-marins nucléaires par l'Australie. Si Canberra se tourne vers des sous-marins américains de classe Virginia, le temps d'attente risque d'être long, assure l'hôtel de Brienne. "Les premiers sous-marins de Naval Group devaient être livrés vers 2030, explique-t-on au ministère. Le plan de charge des chantiers navals américains de sous-marins, de ce que nous en savons, est plein comme un œuf. Nous ne voyons pas de livraison possible à l'Australie avant 2040, soit un décalage de dix ans. C'est très, très long par rapport au tempo chinois : rappelons que la Chine fabrique l'équivalent du tonnage de la marine française en trois ans."

L'opération pourrait également se révéler ruineuse pour Canberra, estime le ministère des Armées. "Selon un rapport du CRS (Congressional Research Service) de juin 2021, les coûts de série des deux derniers Virginia commandés (35e et 36e) serait de 6,915 milliards de dollars, soit 3,46 milliards l’unité (2,95 milliards d'euros)", indique Hervé Grandjean. Soit deux fois plus que les Barracuda français, dont les Attack australiens étaient des dérivés à propulsion diesel-électrique. L'hôtel de Brienne n'a pas évoqué la possibilité que les sous-marins exportés soient des Astute britanniques, ce dont rêve ouvertement la presse britannique, le Financial Times en tête.

La construction en Australie d'engins nucléaires américains pourrait également se révéler un casse-tête. "L’annonce du 15 septembre indique que les sous-marins nucléaires seront construits sur place, mais l’Australie affirme ne pas vouloir d’industrie nucléaire ni civile, ni militaire, relève Hervé Grandjean. Faut-il donc comprendre que les Etats-Unis fourniront des compartiments chaufferie nucléaires complets à intégrer aux sous-marins, avec des équipes de techniciens américains pour assurer la mise en service, l’entretien, peut-être même la conduite ?" Ce schéma serait tellement complexe du point de vue logistique et environnemental que le scénario final verrait probablement un assemblage des sous-marins aux Etats-Unis, et la présence de marins américains dans les sous-marins australiens, estime-t-on à l'hôtel de Brienne.

900 millions payés par Canberra

Malgré la "trahison" d'Australiens qui ont "tourné casaque", Naval Group ne va pas perdre d'argent, assure le ministère. Les travaux déjà effectués ont déjà été payés par Canberra, à hauteur de 900 millions d'euros environ. Une bien maigre consolation pour le champion naval français, qui voit quand même s'envoler un contrat dont la part française était estimée à 8 milliards d'euros. Un chiffre loin des 50, voire 90 milliards de dollars australiens régulièrement évoqués, mais qui représentait presque trois années de chiffre d'affaires de l'ex-DCNS.

12 réactions 12 réactions

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications