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"La difficulté à raisonner les élèves m'inquiète" : à Mayotte, les violences entre jeunes explosent

Dans le département français de Mayotte, les violences entre bandes de jeunes se multiplient depuis la rentrée de septembre 2021.
Dans le département français de Mayotte, les violences entre bandes de jeunes se multiplient depuis la rentrée de septembre 2021. © Observateurs

Depuis le mois de septembre, les affrontements entre bandes de jeunes se multiplient aux abords du lycée de Kahani, dans le département français de Mayotte. Pour dénoncer ces violences à répétition, des enseignants lancent l'alerte. Ils ont organisé des manifestations devant le lycée, mardi 30 novembre et jeudi 2 décembre.

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En novembre, deux événements violents opposant des bandes de jeunes devant et dans le lycée de Kahani, à Mayotte, ont contraint plusieurs enseignants à faire valoir leur droit de retrait et à manifester devant l'établissement pour demander plus de sécurité et de moyens.

"Depuis le mois de septembre, on a subi à peu près sept caillassages"

Jérémie Saiseau est enseignant de lettres et représentant CGT Educ'action. Il a été témoin de plusieurs bagarres aux abords et dans le lycée :

Généralement, ce sont des bandes de jeunes devant l’établissement et dans l’établissement, des bandes de différents villages.

Elles jettent des pierres mais aussi des tiges en métal de 80 centimètres particulièrement dangereuses sur l’entrée du lycée et sur les élèves.

Depuis le mois de septembre, on a subi à peu près sept caillassages, on a également des armes blanches qui rentrent dans le lycée.

Les gendarmes mobiles sont présents quasiment à temps complet devant le lycée et quand ils interviennent, ils utilisent des gaz lacrymogènes, des grenades explosives. Donc on entend tout ça pendant ces événements, parfois quand on est en salle de cours. Ce qui m’inquiète particulièrement, c’est la difficulté aujourd’hui de raisonner les élèves.

En 2018 à Mayotte, des affrontements dans les lycées avaient été à l’origine d’une grève générale de trois mois contre l’insécurité. Pour Jérémie Saiseau, ces violences pourraient représenter le "signal d’alerte" d'une jeunesse qui manque de perspectives dans un département traversé par une importante crise sociale :

On a plus de 70 % de personnes qui sont en dessous du seuil de pauvreté avec des denrées alimentaires extrêmement chères. Les gens ici ne peuvent pas survivre.

Ils vivent dans des bidonvilles où il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. Des maisons en tôle.

Je ne vous parle même pas dans quelles conditions, pendant la saison des pluies, sont nos élèves, qui ne peuvent évidemment pas travailler chez eux.

Contacté par notre rédaction, Gilles Halbout, recteur de l'académie de Mayotte, assure que des investissements sont en cours pour "améliorer le confort des élèves et des enseignants". Un programme de construction de quatre nouveaux lycées et neuf collèges est en cours pour "dédensifier" les établissements d'ici à l'horizon 2025. L’objectif : garantir un meilleur accès à l’école, dans ce territoire où plus de la moitié de la population à moins de 20 ans.

>> LIRE AUSSI SUR LES OBSERVATEURS : "La violence monte en grade" : à Mayotte, enseignants et parents s'alarment du retour des affrontements entre jeunes

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