Algérie : 10 ans de prison pour l’ancien patron de l’UGTA, proche de Bouteflika

Emprisonné et gravement malade, Abdelmadjid Sidi Saïd, ancien leader syndical, écope de lourdes condamnations. Tout comme ses trois fils, dont l’un est en fuite en Espagne.

Abdelmajid Sidi Said, ancien patron de l’UGTA. © DR.

Publié le 14 novembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Lors de son procès qui s’est tenu le 7 novembre, l’ancien puissant patron de la Centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) Abdelmadjid Sidi Saïd a été accusé par le président du pôle financier et économique du tribunal d’Alger, Sidi M’hamed Mohamed Kamel Boudiaf, « d’avoir joué la plus grande comédie syndicale en Algérie » en perdant son âme de syndicaliste de la première heure au fur à mesure qu’il se rapprochait des milieux des décideurs.

Trente ans de prison cumulés

Ce 14 novembre au matin, la sentence est tombée : 10 ans de prison ferme et 8 millions de dinars d’amende (environ 56 000 euros). Deux des fils de l’ancien dirigeant syndical, Jamil et Hanafi, ont quant à eux écopé respectivement de 5 et de 3 ans de prison et des mêmes peines d’amende que leur père, tandis que son troisième fils, Ramine, en fuite en Espagne, s’est vu condamné à 12 ans d’incarcération, verdict assorti d’un mandat d’arrêt international.

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Soit un total de 30 ans de détention pour Sidi Saïd et ses enfants, qui étaient poursuivis pour blanchiment d’argent, abus de fonction et incitation de fonctionnaires à accorder d’indus avantage, sur la base de la loi numéro 06-01, relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Le magistrat a également ordonné la saisie des biens et comptes bancaires de la famille.

Le procureur de la république avait requis, la semaine dernière, 15 ans contre Sidi Saïd, 12 ans contre Jamil, 10 ans contre Hanafi et 18 ans de prison contre Ramine, ainsi qu’une amende de 32 millions de dinars contre les sociétés de Ramine et Hanafi.

Transactions louches et logements sociaux

Très affaibli et s’exprimant d’une voix à peine audible, l’ancien leader de l’UGTA, aujourd’hui âgé de 73 ans, s’est contenté de répéter lors de son audition – menée en vidéoconférence à partir de la prison d’El Harrach le 7 novembre – qu’il n’avait « rien avoir avec ces problèmes ». La justice avait enquêté sur une transaction opérée entre l’une des entreprises familiales avec une filiale du mastodonte Sonatrach active à Hassi Messaoud et à Ain Salah dans les domaines de l’ingénierie, de la logistique et de la location de matériel, ainsi que sur les liens qu’entretenait son fils Ramine, propriétaire de l’agence publicitaire et de communication All In, avec Mobilis.

Abdelmadjid Sidi Saïd est accusé d’être intervenu pour que Ramine obtienne un marché de 6 milliards de dinars (392 500 euros) portant sur la réalisation d’un programme télévisé qui n’a jamais été diffusé, ce que le magistrat a considéré comme « gaspillage de deniers publics ».

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Le juge avait aussi interrogé Sidi Saïd à sur l’attribution à ses fils de logements subventionnés par l’État et destinés aux personnes à faibles revenus. « Mes fils ont eu ces logements sur décision des responsables des mutuelles et de la direction de l’UGTA sans me mettre au courant. Je n’ai aucun lien avec ces acquisitions », s’est-il défendu lors de son procès.

« Fier d’appartenir au pouvoir »

Jusqu’au début du mois de mai 2022, date de son placement sous mandat de dépôt, l’ex-syndicaliste n’a jamais été inquiété par la justice, alors que la purge politico-judiciaire contre les pontes du système Bouteflika avait débuté dès le mois d’avril 2019.

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Proche des cercles du pouvoir, Abdelmadjid Sidi Saïd assumait ouvertement cette connivence. « Nous sommes fiers d’appartenir au pouvoir. Nous ne le vivons pas comme un complexe d’infériorité, mais comme un signe de supériorité », avait-il martelé en clôture du dernier congrès de l’organisation syndicale qu’il a présidé, en septembre 2018, annonçant dans la foulée qu’à cause de son cancer, il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de l’UGTA.

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