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Un nouveau traitement contre la leucémie a permis à un Québécois de 32 ans de se marier et de voyager

Sa greffe de sang de cordon ombilical a été rendue possible grâce à des chercheurs montréalais

Charles Parent, avec sa conjointe Virginie Smith, ont souligné les 15 ans de Globule de Laval jeudi soir. Mme Smith a fait des dizaines de dons pendant le combat de son mari contre la leucémie.

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Charles Parent, avec sa conjointe Virginie Smith, ont souligné les 15 ans de Globule de Laval jeudi soir. Mme Smith a fait des dizaines de dons pendant le combat de son mari contre la leucémie.

Un Québécois condamné à mort par une agressive leucémie profite d’une deuxième chance grâce à une greffe de sang de cordon ombilical, rendue possible par une percée médicale de chercheurs montréalais.

«Je suis reconnaissant, souffle Charles Parent. J’avais déjà fait tellement de deuils, comme ne plus voyager, me marier ou fonder une famille...»

Mais le Lavallois de 32 ans s’est récemment marié et s’est envolé en Italie, réalisant ses rêves un à un, alors qu’il se dirigeait vers les soins palliatifs il y a à peine 3 ans.

Greffe, mais récidive

En août 2020, il a découvert qu’il souffrait d’une leucémie myéloïde aiguë. Son bilan sanguin était si inquiétant qu’il a dû se rendre à l’hôpital dès que les médecins ont vu ses résultats.

Rapidement, il a reçu d’intenses traitements de chimiothérapie à l’hôpital. Puis, une greffe de cellules souches devant enrayer son cancer du sang.

Or, à peine 68 jours après sa greffe, le pire se concrétisait. Il était déjà en récidive.

«Ç’a été le moment le plus difficile, parce que les espoirs sont pratiquement à zéro», admet-il. On l’avait averti qu’en cas de rechute, les soins palliatifs l’attendaient.

Mais n’ayant rien à perdre, il était prêt à tout essayer quand ses médecins de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont lui ont proposé de prendre part à un essai clinique.

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PHOTO FOURNIE PAR CHARLES PARENT

Il a d’abord pris une combinaison de deux médicaments en comprimés, approuvés individuellement par Santé Canada, mais pas en combinaison. Ainsi, sa compagnie d’assurance n’en remboursait qu’un seul des deux.

Sa conjointe a ainsi lancé une campagne sur la plateforme GoFundMe, amassant plus de 70 000$ pour payer les coûts du deuxième, qui coûtait environ 8000$ par mois.

Pronostics défavorables

Après un an et demi sans récidive, il pouvait recevoir une deuxième greffe. Il recevait cette fois des cellules souches provenant de sang de cordon ombilical, dont les cellules avaient été multipliées par une molécule (UM171) découverte par des chercheurs de l’Université de Montréal.

Sa conjointe, Virginie Smith, confie qu’elle était à la fois pleine d’espoir et rongée d’inquiétude. «Il était seulement accepté dans l’étude parce que tous les pronostics lui étaient défavorables», se souvient-elle.

Cette dernière a aussi fait plus de 75 dons de sang, plasma et plaquettes à Héma-Québec en solidarité avec son conjoint pendant son combat.

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PHOTO FOURNIE PAR CHARLES PARENT

Plus d’un an après cette deuxième greffe, la vie reprend enfin son cours normal pour le jeune couple. Il faudra encore quelques années pour décréter une guérison complète, mais Charles Parent se réjouit que le cancer se tienne toujours à l’écart.

Vers un nouveau traitement né grâce à des chercheurs montréalais

La greffe de sang de cordon ombilical dont les cellules ont été amplifiées par la molécule découverte à Montréal pourrait devenir un traitement révolutionnaire contre les leucémies aiguës.

«C’est très gratifiant», lance la Dre Sandra Cohen, chercheuse clinique et hématologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui a mené les essais cliniques auxquels participait Charles Parent.

La Dre Sandra Cohen, chercheuse clinique et hématologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

PHOTO FOURNIE PAR CIUSSS EST-DE-

La Dre Sandra Cohen, chercheuse clinique et hématologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Les greffes de cellules souches visent à régénérer la moelle pour qu’elle produise ensuite des cellules sanguines saines. Le donneur doit être compatible.

La Dre Cohen souligne que l’avantage du sang de cordon ombilical est que la comptabilité n’a pas à être parfaite. Ainsi, il pourrait être utilisé si un donneur est introuvable. Cependant, ce sang de nouveau-né compte très peu de cellules, en nombre souvent insuffisant pour un adulte.

10 à 80 fois

Or, la molécule UM171 permet de multiplier de 10 à 80 fois le nombre de cellules souches. Elle est l’aboutissement d’une douzaine d’années de travaux de recherche menés par le Dr Guy Sauvageau et de nombreux collègues.

Et les greffes de sang de cordon aux cellules amplifiées pourraient aussi mener à de meilleures guérisons contre des leucémies, espère la Dre Cohen.

Les essais cliniques menés sur une trentaine de patients atteints de leucémies aiguës démontrent que 70 des participants ont survécu deux ans après leur greffe de cellules souches amplifiées avec la molécule UM171, sans aucun signe de récidive de la maladie.

Malgré les résultats encourageants, la Dre Cohen rappelle qu’il s’agit d’un petit échantillon et qu’il faudra d’autres études, à plus grande échelle, pour le démontrer hors de tout doute.

«Grâce à la molécule trouvée à Montréal, ça, c’est phénoménal», se réjouit Catherine Latour, hématologue chez Héma-Québec. Elle salue d’ailleurs les mères ayant fait don du sang de cordon au profit de la recherche.

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