Des chercheurs viennent de révéler que les masques de protection utilisés à grande échelle ces dernières années constituent une source majeure de pollution des eaux de rivière. En effet, en se décomposant, ils rejettent du plastique en grande quantité. Explications.
Face à l’utilisation massive du plastique, la loi « antigaspillage pour une économie circulaire », votée par la France, fixe comme objectif d’atteindre l’arrêt de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. À cette fin, depuis plusieurs années, pailles, gobelets, assiettes, cotons à oreilles et autres objets du quotidien sont progressivement interdits à la vente. Depuis le 1er janvier, ce sont les dispositifs médicaux contenant des microplastiques qui sont concernés. Cependant, les mesures adoptées pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid ont conduit à une explosion spectaculaire des matières plastiques dans notre vie quotidienne. Il en va ainsi des masques à usage unique, par exemple, dont la production quotidienne mondiale a été multipliée par 30 entre 2019 et 2020-2021, pour atteindre le nombre de 1 milliard1 d’unités par jour !
« Or, les masques peuvent donner l’impression aux usagers qu’ils sont constitués de papier. Mais, en réalité, ils sont composés à 90 % de plastique, le polypropylène, et sont désormais une source de préoccupation environnementale », explique Isabelle Bihannic, ingénieure de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Car les contraintes sur les filières de collecte des déchets, le débordement des installations de traitement et le comportement de certains consommateurs sont autant de composantes de la mauvaise gestion des déchets. Et cela a un impact, nous en avons tous fait l’expérience, sur notre environnement. « Les masques se retrouvent partout, poursuit la chercheuse. Dans les eaux de pluie, les réseaux d’égouts et les milieux naturels. On estime qu’entre 0,15 et 0,39 million de tonnes de débris de masques pourraient se retrouver chaque année dans les océans du monde. » La question se pose alors de savoir si la présence de masques dans l’environnement peut être assimilée à celle d’autres déchets plastiques « classiques ».
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