Live now
Live now
Masquer
Karolina Grabowska de Pexels // Source : Karolina Grabowska de Pexels
Société

« Je me suis fait pourrir » : discriminée après son retour de congé maternité, elle attaque son employeur

Dans une enquête parue dans « Mediapart », une ancienne directrice associée du cabinet d’audit EY relate avoir saisi les prud’hommes, accusant le géant mondial de discriminations en raison de sa maternité. 

« Après mon congé maternité, l’enfer a commencé ». C’est comme cela qu’Aude* décrit son retour de congé maternité dans son entreprise, le géant mondial de l’audit EY. Dans un article paru dans Mediapart ce dimanche 17 mars, elle relate avoir porté plainte aux prud’hommes pour harcèlement moral discriminatoire, en lien avec sa maternité.

Forcée de travailler durant un arrêt maladie

Tout bascule en septembre 2019. Alors qu’Aude est à l’apogée de sa carrière, sa seconde grossesse est difficile, et la mène à devoir être arrêtée prématurément. Ce que déplore sa supérieure, qui estime dans un message qu’elle la « fous bien dans la merde ». Dans un autre message, elle lui demande d’assurer un « service minimum ». Aude s’exécute, et travaille durant son arrêt maladie.

En janvier 2021, de retour de congé maternité, elle retrouve son poste. Mais les déconvenues commencent. D’abord, le montant de sa prime annuelle est bien plus inférieur que d’habitude, bien qu’elle remplisse 75% de ses objectifs. Ensuite, elle relate une série de réflexions sur sa maternité : « Quel est ton mode de garde ? »« Pourras-tu venir au dîner […] par rapport à tes enfants ? » Mais également des réprimandes lorsqu’elle demande à savoir à l’avance quand auront lieu ses prochains déplacements professionnels, alors qu’elle souhaite juste s’organiser pour la garde de ses enfants.

Au fur et à mesure, elle se voit confier de moins en moins de missions, et est de plus en plus éjectée de boucles de mails importantes. Une de ses clientes de prédilection, qu’elle a vue disparaître, comme d’autres, de son portefeuille, la contacte sur son téléphone personnel, insistant pour qu’Aude reprenne en main son dossier, relate Mediapart. « J’ai récupéré son appel d’offres, et je me suis fait pourrir », témoigne Aude auprès du journal

En arrêt pour « syndrome anxiodépressif réactionnel »

Aude se confie alors à une salariée du service des ressources humaines et à une autre femme haut placée chez EY. Ce qui lui vaut une convocation : « Il faut faire attention à ne pas court-circuiter les ‘partners’ », avertit son « N+2 » durant l’entretien, ajoutant que « les échanges d’e-mails dans tous les sens avec les RH » ne sont « pas la bonne approche ».

Aude part finalement en arrêt maladie, pour « syndrome anxiodépressif réactionnel ». Elle ne remet plus les pieds chez EY. Son employeur refuse toute transaction et ne propose que l’indemnité minimale de licenciement.

Aux prud’hommes, Aude demande que son départ soit considéré comme un licenciement abusif, et demande des dommages-intérêts pour licenciement nul, harcèlement moral, manquement à l’obligation de sécurité et de santé, et discrimination en raison du sexe. Une audience est prévue pour le 6 juin.

Sollicité par Mediapart, EY n’a pas souhaité répondre. Par ailleurs, la branche française a déjà été condamnée deux fois aux prud’hommes, rappelle le journal d’investigation : en juin 2022, en appel, pour licenciement « en raison de [l’]état de grossesse » d’une salariée, et en octobre 2022, pour licenciement « sans cause réelle et sérieuse ».

*Le prénom a été modifié.


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.

Les Commentaires

1
Avatar de pikichante
18 mars 2024 à 15h03
pikichante
J'ai vécu un peu ça lors de la naissance de mon deuxième enfant, il y a quelques années. Des petites piques de mon employeur (le "ah ben on n'a plus qu'à vous payer une formation en tricot" devant toute la boîte) au fait qu'il a super mal pris le fait que je prenne un congé parental partiel (je faisais un 80%), ce à quoi je lui avais répondu que financièrement, je m'y retrouvais mieux en faisant ça (il me payait au lance-pierres), ça s'est fini en rupture conventionnelle après qu'il ait totalement "vidé mon poste" (je passais mes journées à chercher quoi faire)...
6
Réagir sur le forum

Plus de contenus Société

Source : firemanYU / Getty Images Signature
Santé

Protections solaires pour enfants : les aérosols sont-ils aussi efficaces que les crèmes ? 

Salo Al / pexels
Sport

Les femmes s’interdisent de faire du vélo (et la raison va vous hérisser)

16
Source : Syda Productions / Canva
Grossesse

Femmes enceintes et allaitantes, attention à votre consommation de tisane de fenouil

« arret-tabac-bilan-un-mois »
Société

Les réseaux sociaux ont aussi une influence (néfaste) sur la consommation de cigarettes des jeunes adultes

5
Deux femmes s'embrassent sous un drapeau arc-en-ciel, symbole LGBT © Gustavo Fring de la part de Pexels
Société

Être LGBT+ nuit à la carrière d’après 4 personnes concernées sur 10

Rodnae production de la part de Pexel // Source : Rodnae production de la part de Pexel
Santé

Qu’est-ce que le syndrome de Yentl ? Ou quand la médecine est sexiste

8
Source : Pexels
Société

Cette activité courante est plus stressante que la perte d’un emploi selon une enquête

Source : Canva
Actualités

À Nantes, un spectacle de drag queen annulé à cause de menaces lgbtiphobes

Source : Instagram/SebMellia
Société

Affaire Seb Mellia : après la plainte pour viol de Tania Dutel, le parquet de Paris a ouvert une enquête

Source : Unsplash
Société

La météo de ce moi de mai vous déprime ? Vous êtes peut-être « météo sensibles »

3

La société s'écrit au féminin