Les enquêtes sur les agents russes ayant commis des crimes en Europe dans l’impasse

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La constitution russe interdit l’extradition de citoyens russes, quel que soit le crime dont ils sont accusés par les autorités d’un autre pays. [EPA-EFE/MARTIN DIVISEK]

Des enquêtes ayant permis de révéler que des agents russes étaient responsables d’explosions dans des entrepôts de munitions en République tchèque et en Bulgarie ont peu de chances d’aboutir. Le manque de coopération de la Russie rend actuellement impossible leur traduction en justice.

En 2021, le gouvernement tchèque a découvert que des forces russes étaient à l’origine des explosions qui ont tué deux personnes en 2014 dans deux entrepôts de munitions de la petite ville de Vrbětice. La Bulgarie, également visée par des explosions et des empoisonnements depuis une dizaine d’années, avait ouvert plusieurs enquêtes.

Mais dix ans plus tard, les autorités des deux pays ont reporté la poursuite de leurs enquêtes et de leurs poursuites judiciaires, car elles ont peu d’espoir de traduire les auteurs de ces actes en justice.

« Les autorités policières considèrent qu’il est prouvé que les explosions des deux entrepôts de Vrbětice ont été commises par des membres des services de renseignement militaire russes, la direction générale des renseignements de l’État-Major des Forces armées de la Fédération de Russie, connue sous l’acronyme GRU, dont le motif était d’empêcher la livraison d’armes et de munitions dans les zones où l’armée russe menait ses opérations », a déclaré la police tchèque lundi (29 avril).

Bien que les enquêteurs tchèques soient parvenus à des conclusions claires sur l’implication des forces militaires russes, il y a un manque de coopération de la part de Moscou, a indiqué le ministre tchèque de l’Intérieur, Vít Rakušan.

La constitution russe interdit l’extradition de citoyens russes, quel que soit le crime dont ils sont accusés par les autorités d’un autre pays.

« L’affaire n’est reportée que parce que la Russie refuse de coopérer. Il n’y a aucun doute sur l’identité des auteurs des explosions : il s’agit d’agents du GRU agissant sur instruction de la Fédération de Russie », a déclaré M. Rakušan lors de la conférence de presse de lundi.

Les suspects se trouvent actuellement sur le territoire russe et les autorités russes ont refusé d’accéder aux demandes tchèques de fournir des preuves supplémentaires. La Russie affirme que cela porterait atteinte à sa souveraineté, à l’ordre public et aux intérêts de l’État.

Selon Vít Rakušan, l’affaire peut être considérée comme une action violente de l’État dirigée contre des civils, c’est-à-dire comme un crime de guerre et un acte de terrorisme — un point de vue partagé par le Premier ministre tchèque Petr Fiala.

« Le résultat de l’enquête n’est pas surprenant, mais il confirme clairement ce que nous soupçonnions tous. Les services de renseignement russes étaient derrière les attaques à Vrbětice, et la Russie a donc perpétré une attaque terroriste sur notre territoire », a déclaré M. Fiala, cité par l’Agence de presse tchèque.

En 2021, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait déclaré que les accusations de la République tchèque à l’encontre de la Russie étaient «infondées et contradictoires ». Les autorités russes n’ont fait aucun commentaire à la suite de la conférence de presse de lundi.

L’impuissance du procureur bulgare

Le parquet bulgare avait demandé officiellement au Kremlin, le 20 novembre 2023, de lui livrer les trois officiers russes du GRU accusés de l’empoisonnement du marchand d’armes Emilian Gebrev, qui avait du matériel stocké à Vrbětice, en République tchèque.

Les trois Russes en question sont également accusés d’avoir empoisonné le fils de M. Gebrev et le directeur de l’entreprise Emko Valentin Tahchiev en 2015, et font l’objet d’une enquête pour tentative de meurtre.

Les accusés, employés du GRU, sont Sergueï Fedotov, Georgi Gorshkov et Sergueï Pavlov, dont les noms ont été révélés pour la première fois par l’organisation d’enquête « Bellingcat ».

Le bureau du procureur affirme que l’empoisonnement des trois Bulgares a été perpétré lorsque les poignées de porte de la voiture de M. Gebrev ont été enduites de poison.

Outre ces empoisonnements, des agents russes ont également été accusés d’avoir provoqué plusieurs explosions dans des entrepôts militaires bulgares au cours des 12 dernières années.

Dans ces entrepôts, des produits militaires destinés à la Géorgie et à l’Ukraine — tous deux en conflit militaire avec la Russie depuis des années — ont été localisés et détruits. Une partie de ces munitions appartenait à la société de M. Gebrev, Emko.

Malgré ces activités de grande envergure sur le territoire bulgare, les agents russes échappent à toute condamnation éventuelle. Selon un membre anonyme du bureau du procureur bulgare, les autorités locales n’ont aucun espoir de voir les auteurs de ces actes traduits en justice.

Les dépenses militaires russes talonnées par les dépenses de l’Ukraine et ses alliés

L’aide militaire occidentale à l’Ukraine a permis de réduire l’écart de dépenses de défense entre l’Ukraine et la Russie, selon les dernières données sur les dépenses militaires publiées par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

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