Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le grand écrivain américain Paul Auster, auteur de « Moon Palace » et « Léviathan », est mort à 77 ans

Poète, critique, essayiste et scénariste, le romancier était devenu célèbre avec ses récits new-yorkais peuplés de personnages marginaux et désorientés. Maître dans l’art de la narration, il est mort dans sa maison de Brooklyn mardi 30 avril dans la soirée.

Par 

Publié le 01 mai 2024 à 05h55, modifié le 02 mai 2024 à 08h19

Temps de Lecture 6 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

 Paul Auster, à Paris, en 1998.

Comment naît un écrivain ? Pour Paul Auster, l’affaire s’est jouée à 8 ans. Passionné de base-ball, il est alors en dévotion devant l’« incandescent » Willie Mays, un des « Giants » de New York. Un jour, à la sortie d’un match, il croise son idole et lui demande un autographe. « Bien sûr, fiston, répond Mays. T’as un crayon ? » Le garçon n’a rien pour écrire. Ni son père. Ni personne. « Désolé, fiston » : pas de crayon, pas d’autographe. Auster fond en larmes, raconte-t-il dans Pourquoi écrire ? (Actes Sud, comme l’ensemble de son œuvre traduite en France). « Depuis ce soir-là, j’ai toujours eu un crayon sur moi, où que j’aille. Et je le dis volontiers à mes enfants, c’est comme ça que je suis devenu écrivain. »

Près de sept décennies plus tard, le gamin au crayon est mort, dans sa maison de Brooklyn, à New York, mardi 30 avril dans la soirée, a annoncé le New York Times. Il avait 77 ans, et une quarantaine de livres derrière lui, traduits dans plus de quarante langues.

Romancier, mais aussi poète, traducteur, critique, essayiste et scénariste, l’auteur de Moon Palace (1990), Léviathan (1993), Seul dans le noir (2009) ou encore Baumgartner (2024) avait noirci des milliers de pages, jusqu’à devenir un immense écrivain américain. L’un des plus brillants de sa génération, le plus francophile aussi. Un orfèvre dans l’art du récit, plongeant dans son enfance, son histoire, ce qu’il appelait sa « zone intérieure », pour nourrir des textes romanesques, autobiographiques ou même politiques d’une intelligence et d’une sensibilité extrêmes. Il savait retracer comme nul autre la vie de ses personnages ou la sienne dans toute leur amplitude, leurs contradictions, leurs sinuosités, leurs bifurcations liées parfois à d’apparents hasards.

Son épouse, Siri Hustvedt, écrivaine elle aussi, avait annoncé en mars 2023 qu’il souffrait d’un cancer, diagnostiqué en décembre 2022 après plusieurs mois de maladie. Paul Auster était soigné au Memorial Sloan Kettering Cancer Center, à New York. « Je vis dans un endroit que j’ai fini par appeler Cancerland », écrivait Siri Hustvedt : « Vivre avec quelqu’un qui a un cancer et qui est bombardé de chimiothérapie et d’immunothérapie est une aventure de proximité et de séparation. »

« L’invisible frontière entre la vie et la mort »

En 1982, c’est par le récit d’une autre séparation, le décès brutal de son père, trois ans plus tôt, que Paul Auster était entré sur la scène littéraire. La mort, « on peut l’accepter avec résignation au terme d’une longue maladie », écrivait-il dans le premier paragraphe de son premier livre, L’Invention de la solitude, où il tentait de cerner qui était son père. « Mais qu’un homme meure sans cause apparente, qu’un homme meure simplement parce qu’il est un homme, nous voilà si près de l’invisible frontière entre la vie et la mort que nous ne savons plus de quel côté nous nous trouvons. La vie devient la mort, et semble en avoir fait partie depuis le début. »

Il vous reste 69.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.