En 2020, une vaste étude montrait que les bruits d’origine humaine avaient des conséquences sur la survie des oisillons de nombreuses espèces d’oiseaux en Amérique du Nord. Mais quid de la poule ou de l’œuf ? Autrement dit, cette observation résultait-elle de la perturbation des parents qui s’occupaient moins bien de leur progéniture à cause du bruit ou bien la pollution sonore était-elle directement délétère pour l’œuf ? D’après une étude expérimentale, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue Science et cités par Le Temps, “les sons ambiants de la ville, avec son cortège de véhicules et de klaxons, ont un effet direct sur le développement des oisillons et même des embryons dans l’œuf. Et ce indépendamment du comportement des parents.”

Pour aboutir à ce résultat, les biologistes de l’université Deakin, en Australie, ont étudié des diamants mandarins (ou Taeniopygia guttata), oiseaux modèles en recherche. “[Ils] ont quantifié l’effet de l’exposition à des enregistrements sonores de voitures en prénatal, sur des embryons pendant les cinq derniers jours d’incubation, et en postnatal, chez des oisillons, quatre à treize jours après l’éclosion”, explique le journal suisse.

Ils ont ainsi observé que les œufs soumis à des bruits de circulation d’une intensité de 65 décibels – ce qui correspond au niveau moyen en ville – présentaient un succès d’éclosion significativement plus faible (− 18,5 %) que ceux qui étaient entourés de chants de mandarins adultes. En outre, “les oisillons exposés aux bruits du trafic routier, que ce soit in ovo ou dans le nid, étaient plus petits et plus légers à leur douzième jour de vie”, poursuit Le Temps.

L’expérience ne s’est pas arrêtée là, puisque les chercheurs ont suivi les oiseaux jusqu’à la fin de leur vie, soit quatre années en moyenne. Cela a permis de mettre en évidence le fait que l’exposition précoce au bruit avait des conséquences tout au long de la vie. De fait, devenus adultes et capables de se reproduire, les oisillons exposés au bruit avant ou après l’éclosion “ont produit 59 % de descendants en moins que les autres, alors qu’ils ont pondu le même nombre d’œufs en moyenne”.