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Centrafrique : mandat d’arrêt contre l’ex-président Bozizé pour de possibles crimes contre l’humanité

La Cour pénale spéciale, juridiction mixte sous l’égide de l’ONU, travaille sur des massacres commis entre 2009 et 2013 par la garde présidentielle de l’ancien putschiste.

Le Monde avec AFP

Publié le 01 mai 2024 à 10h33, modifié le 01 mai 2024 à 11h56

Temps de Lecture 2 min.

L’ancien putschiste devenu président de la République centrafricaine (RCA) en 2003, François Bozizé, à Bangui en janvier 2020.

Un tribunal spécial parrainé par les Nations unies a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de la République centrafricaine François Bozizé, dans le cadre d’une enquête sur sa responsabilité dans de possibles crimes contre l’humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013.

M. Bozizé, 77 ans, qui s’était emparé du pouvoir en 2003 par un coup d’Etat avant d’être renversé dix ans plus tard par des rebelles et qui est aujourd’hui à la tête de la principale rébellion centrafricaine, vit en exil en Guinée-Bissau depuis mars 2023.

Le mandat d’arrêt international date du 27 février, précise dans un communiqué la Cour pénale spéciale (CPS), une juridiction hybride composée à Bangui de magistrats centrafricains et étrangers, chargée du dossier des crimes de guerre et contre l’humanité commis depuis 2003 en Centrafrique, un pays qui a connu une alternance de guerres civiles et de régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.

« Etape très encourageante »

Des juges de la CPS ont émis ce mandat dans le cadre d’une « instruction » sur de possibles « crimes contre l’humanité » de la garde présidentielle de M. Bozizé, entre février 2009 et mars 2013, dans « une prison civile » et dans un « centre d’instruction militaire » à Bossembélé, dans le centre du pays.

Les juges ont conclu à « l’existence d’indices graves et concordants à charge » contre M. Bozizé, « de nature à engager sa responsabilité pénale », « en sa qualité de supérieur hiérarchique et chef militaire ».

Ces crimes présumés, commis dans la prison et le camp militaire de Bossembélé par des éléments de la garde prétorienne de M. Bozizé ainsi que d’« autres services de sécurité », concernent notamment des « meurtres », des « disparitions forcées », des « tortures », des « viols » et d’« autres actes inhumains », selon la CPS, créée en 2015 avec le parrainage de l’ONU, qui réclame la « coopération de la Guinée-Bissau, par l’entremise d’Interpol » pour « arrêter » et remettre « le suspect » à la CPS en Centrafrique.

Ce mandat international « constitue une étape très encourageante dans la quête de justice pour les victimes de nombreux crimes commis en République centrafricaine », écrit Amnesty International dans un communiqué. « Cependant, la CPS ne pourra remplir son rôle d’enquête et de poursuite des responsables des nombreuses atrocités (…) que si (…) tous les Etats coopèrent pleinement », ajoute l’ONG qui exhorte « les autorités de la Guinée-Bissau » à arrêter et à remettre « sans délai » M. Bozizé « aux autorités centrafricaines en vue de sa comparution devant la CPS ».

Travaux forcés à perpétuité

Le renversement de M. Bozizé en 2013 par une coalition de rebelles en majorité musulmans, la Séléka, avait déclenché l’une des plus terribles guerres civiles de l’histoire de ce pays d’Afrique centrale, parmi les plus pauvres du monde, avec des massacres de civils essentiellement. M. Bozizé avait organisé la création de milices dominées par les chrétiens et les animistes, les anti-balaka, pour tenter de reprendre le pouvoir et des milliers de civils avaient été les principales victimes de massacres perpétrés par les deux camps.

L’ONU avait accusé en 2018 les ex-Séléka et les anti-balaka de nombreux crimes de guerre et contre l’humanité.

A la fin de 2020, M. Bozizé avait pris la tête d’une nouvelle alliance rebelle, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui avait menacé le pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra avant que l’envoi par Moscou de centaines de paramilitaires de la société privée Wagner permette au pouvoir de les repousser loin de Bangui. L’ex-putschiste avait alors repris le chemin de l’exil, au Tchad voisin, puis en Guinée-Bissau.

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Il a été condamné le 22 septembre 2022 par un tribunal centrafricain aux travaux forcés à perpétuité, notamment pour « complot » et « rébellion » en tant que chef de la CPC.

Différents groupes armés, rebelles ou tout simplement prédateurs, poursuivent leur guérilla aujourd’hui en Centrafrique, contre l’armée et les paramilitaires russes. Les civils sont à nouveau les principales victimes des deux camps accusés de crimes et d’exactions par l’ONU et les ONG internationales.

Le Monde avec AFP

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