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Révolution 2.0

#Blockout2024 : quand la "guillotine numérique" s'abat sur les célébrités pour Gaza

C'est un mouvement qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Depuis le prestigieux dîner du Met Gala du 6 mai à New York, à quelques rues des manifestations contre la guerre à Gaza, un mot d'ordre enflamme la toile : #blockout2024. Le but, bloquer les personnalités qui ne prennent pas position sur les questions de société en général, mais surtout, sur le conflit entre le Hamas et Israël.

Le logo de TikTok est affiché sur un téléphone portable devant un écran d'ordinateur, le 14 octobre 2022, à Boston.
Le logo de TikTok est affiché sur un téléphone portable devant un écran d'ordinateur, le 14 octobre 2022, à Boston. © AP - Michael Dwyer
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Les réseaux sociaux se rebiffent. Ou plutôt, les followers. Depuis le dîner du Met Gala, les appels à bloquer les influenceurs et célébrités dont la seule raison de vivre est d'exister sur les plateformes comme TikTok, Instagram, X ou Twitter font florès. Ce qui leur est reproché ? De ne se positionner sur aucun sujet de société, aucune question politique et plus particulièrement sur la guerre qui fait rage à Gaza depuis les attaques du Hamas, le 7 octobre en Israël. Le mouvement #blockout2024 ou guillotine digitale est né. 

Tout est parti d'une petite phrase entendue dans une vidéo TikTok de la mannequin et influenceuse Haley "Baylee" Kalil : "Let them eat cake" ( littéralement "qu'ils mangent du gâteau"). Engoncée dans une robe de créateur, non loin du tapis rouge le plus couru du monde de la mode, Hayley Baylee dit avoir choisi cette formule du film de Sofia Coppola "Marie Antoinette", sorti en 2006 [extrait sonore NDLR], car elle n'était pas invitée au Met Gala et qu'elle voulait ainsi dénoncer son élitisme. La légende veut que Marie Antoinette, épouse du roi Louis XVI, a prononcé cette phrase juste avant la Révolution française : "S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche". Ce qui est faux. Le 16 octobre 1793, elle a été guillotinée au terme d'un procès expéditif.

@viraltvnetwork Haleyy Baylee deletes her Let them eat cake Met Gala video after the block out celebrities with many people commenting from district 12 #haleyybaylee #metgala #letthemeatcake #blockout2024 #celebrity #influencer #kimkardashian #newyork #funny #foryou ♬ A mysterious scene of the near future like Blade Runner(994826) - The Structures

Dans le contexte du Met Gala où le ticket d'entrée est estimé à 75 000 dollars (plus de 69 000 euros) et dont le but est de lever des fonds pour le Costume Institute, qui conserve plus de 33 000 costumes et accessoires depuis le XVe siècle, ces mots ont été pris comme un signe de mépris absolu. D'autant que non loin de là, des milliers de manifestants se rassemblaient pour dénoncer la guerre à Gaza où plus de 35 000 Palestiniens ont perdu la vie en sept mois

Furieux, des milliers de followers ont appelé à la bloquer sur les réseaux sociaux et lancer une sorte de "guillotine numérique". Lorsqu'on bloque un compte, le nombre de followers baisse, les contenus sont moins visibles, ce qui finit par nuire aux revenus des personnalités qui détiennent ces comptes. "Lorsque nous les détestons, ils gagnent de l'argent. Lorsque nous les félicitons, ils gagnent de l'argent. Mais lorsque nous bloquons leurs comptes de médias sociaux et que nous oublions complètement leurs noms, ils perdent tout", a expliqué le tiktoker Blockout2024 en lançant le mouvement. 

Un mot d'ordre repris par des millions d'autres internautes. "C'est un mouvement qui ne vous demande pas grand-chose", dit une internaute dans une vidéo TikTok. Il inclut toutes les célébrités et tous les influenceurs qui n'ont rien de plus à offrir au monde que de le divertir. Nous en avons avons assez d'être divertis, amusés. Les choses vont bien trop loin dans ce monde pour que l'on se cache derrière le divertissement. Quand les gens vont au Met Gala et disent "qu'ils mangent du gâteau" d'une façon quasi dystopique à la 'Hunger Games', le reste de la population se demande comment elle va payer son loyer et faire ses courses".

Les excuses de Haley Baylee n'ont pas réussi à éteindre l'incendie. Loin de là. "Je n'ai jamais pensé que cela serait pris de cette manière parce que je n'étais pas assez élitiste pour être invitée au Met Gala", a déclaré Haley Baylee pour s'excuser en insistant sur le fait qu'elle n'était pas assez informée sur la guerre qui se déroule à des milliers de kilomètres. "Je ne suis pas une élite, je suis une personne normale". 

Véritable lame de fond, le mouvement semble pour l'instant inarrêtable. Des listes de personnalités à ne plus suivre fleurissent désormais un peu partout sur la toile. Kim Kardashian, Kylie Jenner, Doja Cat, Ariana Grande, Taylor Swift caracolent en tête de liste. Et le couperet est bel et bien là. Depuis le Met Gala, Kim Kardashian aurait perdu 3 millions de followers au total, selon le site Social Blade qui analyse le trafic sur les réseaux sociaux. Beyoncé aurait perdu 689 000 abonnés sur Instagram et Rihanna 110 000 sur X.

En France, des influenceurs, célébrités, personnalités politiques et journalistes commencent à être pointés du doigt. Le Hashtag #blockout2024 était dans les tendances de recherche sur X le 13 mai. Un compte #blockout2024 a appelé au blocage du Français Kylian Mbappé, Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste aux élections européennes, l'influenceuse Lena Situations ou encore le présentateur Pascal Praud.

Si un mouvement d'une telle ampleur semble inédit, ce n'est pas la première fois que les internautes se rebiffent contre les célébrités. Un appel à l'exécution numérique avait été lancé en 2020 avec le hashtag #guillotine2020 sur Twitter. En pleine pandémie de Covid-19, confiné dans des espaces parfois minuscules, le commun des mortels avait du mal à entendre les messages des stars racontant par le menu leur confinement. Madonna ou encore Pharell Williams avaient été largement critiqués pour des vidéos qui montraient à quel point ils étaient déconnectés de la réalité. En France, des personnalités publiques comme la romancière Leïla Slimani en avaient fait les frais. 

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