Depuis sa création en 1897, Esmery-Caron avait résisté à tout. Aux guerres, aux crises, aux frictions entre actionnaires. Quand les agriculteurs avaient cessé d'acheter ses sacs de jute, la société s'était reconvertie dans le plastique. Puis dans les toiles utilisées pour couvrir les stades. En mars 2013, une nouvelle usine avait encore été inaugurée à Dreux (Eure-et-Loir).
Une belle aventure stoppée net. Placée en redressement judiciaire en avril, la société a été liquidée en juillet. Des repreneurs viendront peut-être ramasser ce qui peut l'être. D'ici là, tout est arrêté…
D'anciens fleurons rayés de la carte, des faillites spectaculaires comme pour Caddie, des usines qui ferment, d'autres qui tournent au ralenti et vieillissent, et très peu de nouveaux projets : l'industrie française dépérit. Après avoir plongé en 2009, lorsque la faillite de la banque américaine Lehman Brothers avait tout bloqué, elle avait commencé à remonter la pente. Mais depuis le printemps 2011, elle est repartie en marche arrière.
LE MOUVEMENT S'ACCÉLÈRE
Et le mouvement s'accélère. Au deuxième trimestre, la production industrielle a reculé de 2 % par rapport à la même période de l'année précédente, a indiqué l'Insee, vendredi 8 août.
En mai, la production française est même presque retombée, en volume, à son niveau plancher du printemps 2009, au plus fort de la crise. Cet épisode mis à part, il faut remonter à 1994 pour retrouver des chiffres aussi faibles. Comme si vingt ans étaient effacés.
Ce n'est sans doute pas fini. Juin a marqué un léger rebond, indique l'Insee. Mais en juillet, la production manufacturière est tombée à son plus faible niveau depuis le début de l'année, selon Markit.
Si l'on compare à juin 2008, juste avant l'éclatement de la crise, la chute est spectaculaire. En six ans, la production industrielle a diminué de 12 %. Quelques branches ont continué à progresser, comme l'aéronautique, l'assainissement de l'eau et la chimie.
DES MARGES TROP FAIBLES
Mais la plupart sont en déclin. Et certaines en pleine dépression. A commencer par le raffinage, dont la production s'est effondrée de 43 %. La crise a aussi provoqué des ravages dans la fabrication de matériel électrique et électronique, et l'énorme filière automobile, amputées chacune d'environ 25 % de leur puissance.
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