Une plante africaine contre les maladies d'Alzheimer et de Parkinson

Utilisée depuis des décennies par les guérisseurs traditionnels, cette plante aurait aussi des propriétés pharmaceutiques pour soigner les suites d'AVC.

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Une plante africaine pourrait permettre de lutter contre la neurodégénérescence liée à l'âge.
Une plante africaine pourrait permettre de lutter contre la neurodégénérescence liée à l'âge. © Philippe Huguen / AFP

Temps de lecture : 4 min

Au large du Gabon, dans le golfe de Guinée, l'archipel de Sao Tomé-et-Principe est un des plus petits d'Afrique - moins de 200 000 habitants -, constitué de deux îles principales. Cette ancienne colonie portugaise isolée du continent africain abrite une biodiversité unique, au niveau tant de la faune que de la flore. Une richesse qui intéresse de près les scientifiques et qui pourrait s'avérer un formidable espoir pour les patients atteints de troubles neurodégénératifs tels que la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson.

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Depuis des siècles, les guérisseurs locaux prescrivent des feuilles et de l'écorce d'un arbuste local, le Voacanga africana, pour diminuer l'inflammation et soulager les troubles mentaux. Le pouvoir de ces plantes pourrait bien dépasser les croyances locales. En effet, les scientifiques du Salk Institute for Biological Studies, un centre de recherche américain, ont découvert qu'un de ses composés semble protéger les cellules des altérations liées à la maladie d'Alzheimer, de Parkinson et à la dégénérescence consécutive aux AVC. Les résultats viennent d'être publiés cette semaine dans le Journal of Ethnopharmacology.

Neuro-protecteur et anti-inflammatoire

En collaboration avec les guérisseurs traditionnels locaux, les scientifiques ont étudié trois espèces de plantes de la petite île africaine qui auraient, d'après les praticiens, des effets sur le système nerveux. L'équipe a testé chaque échantillon avec des cellules humaines et des cellules de souris pour évaluer leur impact sur la neurodégénérescence. Les chercheurs ont notamment testé la capacité des extraits végétaux à protéger les cellules du stress oxydatif, un processus en cause dans les dommages sur l'ADN et la neurodégénérescence liée à l'âge. Ils ont également évalué les propriétés anti-inflammatoires des composés et mesuré la capacité des végétaux à bloquer l'accumulation de peptides bêta-amyloïdes dans les neurones, un phénomène lié à la maladie d'Alzheimer.

Les chercheurs avouent avoir été très surpris par la puissance de ces premiers essais. Une plante a en particulier attiré leur attention : le Voacanga africana, un arbuste local dont les premiers résultats se sont avérés particulièrement prometteurs, même à de faibles doses. L'effet anti-inflammatoire et neuro-protecteur de cette plante est essentiellement lié à une molécule, la voacamine, un alcaloïde puissant. Ce composé spécifique laisse présager un potentiel pharmacologique pour traiter la maladie d'Alzheimer, de Parkinson ou les suites d'AVC.

Eldorado végétal

Le Voacanga africana est un petit arbre d'Afrique qui peut atteindre six mètres et dont les différentes parties (écorce, graines, feuilles) sont la base d'un grand nombre de remèdes traditionnels dans plusieurs pays d'Afrique. Il est notamment utilisé contre l'hypertension, les oedèmes, et apprécié pour ses vertus calmantes, aphrodisiaques, voire pour les expériences visionnaires de certains sorciers africains ! Ses différents composés actifs intéressent de près les scientifiques et ont déjà été étudiés par l'industrie pharmaceutique, notamment pour certaines pathologies cardiaques. Est-ce que l'arbuste de Sao Tomé-et-Principe offrira plus que ses congénères d'autres régions ? L'étude ne le dit pas, mais les scientifiques vont poursuivre leurs investigations et espèrent découvrir d'autres trésors dans cet eldorado végétal reconnu dans le monde entier pour sa pharmacopée.

Plus de 100 espèces de plantes sont en effet exclusives à ce pays. Alors que les savoirs des guérisseurs traditionnels menaçaient de s'éteindre faute de transmission orale aux jeunes générations, une ethnobotaniste portugaise, Maria do Céu Madureira, a rassemblé durant vingt ans ces connaissances, qui ont été publiées dans un recueil rassemblant des informations sur 325 plantes et plus de 1 000 recettes médicinales issues d'une quarantaine de guérisseurs, sages-femmes et grands-mères "respectées". Ces connaissances empiriques sont vérifiées aujourd'hui en laboratoire. Certaines plantes s'annoncent ainsi prometteuses contre le paludisme ou des champignons comme le Candida albicans, ou encore contre des bactéries, voire des tumeurs ; d'autres semblent avoir des propriétés antihistaminiques, antidiarrhéiques, analgésiques ou sédatives... Ce travail sert aujourd'hui de base aux scientifiques pour développer leurs recherches sur les médicaments de demain.

Le potentiel thérapeutique des plantes à travers le monde est tel (plusieurs centaines de milliers restent à étudier) que la meilleure approche consiste à partir des connaissances traditionnelles, reconnaissent les chercheurs. Sans piller les ressources locales, mettent en garde certains...

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Commentaires (28)

  • Myria

    Si Sao Tomé utilise déjà cette plante pour soulager des personnes âgées souffrant de la maladie d'Alzheimer, pourquoi ne nous donne t-on pas plus d'indications sur l'utilisation de cette plante pour les personnes souffrant de cette maladie en Europe ou ailleurs ?

    On nous présente des titres qui donnent de l'espoir "Une plante africaine contre la maladie d'Alzheimer" et puis c'est tout !

    Faut-il se rendre à Sao Tomé pour bénéficier de l'utilisation de cette plante ? Et dans ce cas qui contacter ?

  • Bupsy

    Libre à quiconque de faire des propositions pour un nouveau traitement mais il faudra faire des essaies cliniques chez des milliers de patients pour prouver statistiquement et à long terme le bénéfice de ce traitement par rapport aux risques encourus car un produit naturel peut être toxique (ex : curare, digitaline etc. ). Qui va prendre le risque de payer plusieurs millions de dollars pour développer ce traitement ? A mon avais une entité qui a les finances dédiées les connaissances pour challenger scientifiquement ce traitement. C'est pour cela qu'on trouve toujours un méchant industriel de la pharmacie qui s'empare de ces découvertes. Maintenant sommes nous prêts à mettre chacun d'entre nous un peu d'argent pour aider au développement de cette découverte ? Avons nous suffisamment confiance en l'efficacité de ce traitement plutôt qu'un autre notamment les nouveaux vaccins pour financer jusqu'au bout les essaies cliniques ?

  • demond323

    Bjr,

    Vous êtes dubitatif quand à l'efficacité ce la voacamine contre Alzheimer ?
    en tous les cas, des chercheurs s'y sont interessés et vont continuer... Vous faites comme si on devrait ignorer les molécules naturelles efficaces contenues dans certains végétaux et plus particulièrement dans les fôrêts tropicales...

    S'agissant de cette autre trouvaille à laquelle vous faites allusion... Le gène APOE... Vous evoquez les"allèles" APOEA4 et autres qui ont été isolé par une équipe de chercheurs et qui seraient, eux, responsable de l'apparition de la maladie... Soit.
    Mais, il ne s'agit pas seulement comme à chaque fois, d'isoler et de montrer du doigt ! Il s'agit de réparer ! A eux de manipuler les nucléotides de ces alléles pour rendre ces gènes "normaux" ! Voilà ce qu'en attend le grand public, et ce qui traîne... Faut-il croire que certains chercheurs ne sont pas à la hauteur ? Dans ce cas, il faudrait faire un challenge mondial, exposer les équations bio chimiques sur lesquelles bloquent les chercheurs et les soumettre à tous les internautes du monde entier, car certains sont des génies capables, (je n'en suis pas un... ), de faire la pige à des responsables ou directeurs de recherche qui tournent en rond et qui font perdre du temps aux malades qui attendent...

    Je vois cette démarche comme une ouverture vers l'intelligence au monde entier... C'est tout, songez que quelqu'un dans le monde, un pur inconnu, mais doué en biochimie, trouverait peut-être aussi la parade pour le sida ? Pourquoi se priver des intelligences extérieures...