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Inflation faible, production en recul : la zone euro au point mort

Le taux d’inflation de la zone euro pourrait avoir reculé en juillet,à 0,3 %. La production industrielle s’est repliée de 0,3 % en juin, après -0,1 % en mai, laissant entrevoir au mieux une stagnation dans la zone au 2ème trimestre.

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Le ralentissement de l’inflation et la production industrielle de la zone euro.

Par Catherine Chatignoux

Publié le 13 août 2014 à 20:12

Les économistes n’en auraient pas mis la main au feu hier. Si l’inflation dans la zone eurodevrait être confirmée, aujourd’hui, à 0,4 % pour le mois de juillet, ils ne voulaient pas complètement exclure l’hypothèse d’un recul à 0,3 % . La baisse des prix plus forte qu’anticipé au Portugal ( -0,7 % sur un an) , en Espagne (-0,4 % ) et même en France (+0,5 % seulement depuis juillet 2013) est de nature à faire fléchir un peu plus que prévu le niveau des prix pour l’ensemble de la zone euro. Si le discours est particulièrement alarmiste en France sur les risques de déflation, comme pour mieux justifier un probable retard de croissance au cours des prochains mois, les économistes ont une vision à la fois plus large et plus distanciée des choses.

Il y a d’abord les pays de la périphérie de la zone euro où la baisse des prix est dans la droite ligne des politiques de déflation menées sans discontinuer depuis des années pour retrouver de la compétitivité. Doit on s’étonner que les baisses de salaires et les fortes réductions des dépenses publiques opérées en Grèce, en Espagne et au Portugal se traduisent mécaniquement par des baisse s de prix ? « Non, celles ci sont naturelles, les gouvernements l’ont voulu ainsi et l’on peut parler ici de « bonne déflation », assure Johannes Gareis, économiste en charge de la zone euro chez Natixis. « Le problème c’est qu’à un certain moment qu’il est difficile d’anticiper, le risque existe de sombrer dans une spirale déflationniste où les agents cessent de consommer ou d’investir et dont il est très difficile de s’extraire ». A contrario, en Allemagne, l’inflation qui a été ramenée à 0,8 % en juillet sur un an , son niveau le plus bas depuis février 2010 est jugée anormalement basse par les économistes. « Les salaires et les prix sont trop faibles en Allemagne compte tenu de son niveau d’activité » souligne Frédéric Ducrozet, économiste Europe au Crédit agricole-CIB. «  Il y a deux ans, rappelle -t-il, le président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann s’était dit prêt à accepter une inflation qui pousserait ses feux jusqu’à 3 % pour compenser la désinflation attendue dans le reste de la zone euro ». Les promesses n’ont pas été tenues. Jens Weidmann insiste plutôt aujourd’hui bien davantage sur les réformes que la France doit mener que sur les efforts que son propre pays devrait mener ( voir ci-dessous). Le risque de déflation n’est en tout cas pas jugé alarmant de ce côté ci du Rhin pour Frédéric Ducrozet  :« le taux d’inflation en France est à son juste niveau compte tenu de son faible niveau de croissance ».

La bonne nouvelle c’est que le programme de prêts ciblés de la BCE aux banques et la dépréciation de l’euro devraient contribuer à dynamiser la croissance et favoriser l’inflation importée, la mauvaise, c’est qu’il faudra des mois pour que ces premiers effets se ressentent . L’heure est aujourd’hui à la stagnation dans la zone euro. La production industrielle y a reculé de 0,3 % en juin, sous l’effet d’un repli de 1,9 % de la production de biens de consommation, après avoir déjà baissé de 1,1 % en mai ce qui augure mal d’une croissance positive pour l’ensemble du deuxième trimestre. « Il y a désormais peu de chances de voir le rythme de la croissance s’accélérer au deuxième trimestre » , estime Peter Vanden Houte, analyste pour la banque ING.

Nouvel accès de faiblesse des prix en France en juillet

Les prix à la consommation ont reculé de 0,3 % en juillet dans l’Hexagone, mais restent en hausse de 0,5 % sur un an.Le consommateur peut se réjouir, mais le gouvernement s’inquiéter : les prix ont baissé de 0,3 % en juillet en France, a annoncé l’Insee hier. De quoi relancer les craintes d’une prochaine entrée en déflation, brandie par François Hollande et Manuel Valls. L’Insee explique que ce nouvel accès de faiblesse des prix dans l’Hexagone « résulte, pour l’essentiel, des variations de prix saisonnières : en particulier du repli des prix des produits manufacturés, en raison des soldes d’été, et de ceux des produits alimentaires frais, en lien avec une offre abondante d’articles de saison ». Les prix de l’alimentation ont chuté de 0,5 % le mois dernier, ce qui porte à 1,3 % leur repli en un an. Quant aux prix des produits manufacturés, ils se sont repliés de 1,3 % sur un an.« Il ne faut pas surinterpréter un chiffre qui porte sur un mois. L’inflation en France est très faible, mais il n’y a pas de risque de déflation à court terme », estime Pierre-Olivier Beffy, chef économiste chez Exane BNP Paribas. En effet, sur les douze derniers mois, les prix ont augmenté de 0,5 %. « La probabilité est toutefois non négligeable que la France tombe en déflation au cours des prochaines années », ajoute-t-il.D’abord, parce que la politique monétaire n’est pas assez accommodante, selon lui. « Les taux d’intérêt réels sont supérieurs à la croissance, ce qui signifie que le coût d’un investissement pour une entreprise est supérieur à la rémunération qu’elle peut en attendre sur le territoire français », explique l’économiste. Ensuite, l’Hexagone, très endetté, est obligé de réduire ses dépenses publiques, ce qui pèse sur l’activité et, donc, sur l’inflation in fine. Enfin, le mécanisme de modération salariale qui s’est mis en place dans plusieurs pays européens, dont la France, pour regagner de la compétitivité, compresse les prix. « La modération salariale a des vertus seulement si l’on en sort par le haut, considère Pierre-Olivier Beffy. Elle doit permettre aux entreprises d’augmenter leurs marges, ce qui leur donnera la possibilité d’investir et ainsi d’embaucher puis d’augmenter les salaires. Mais si les réformes structurelles du marché du travail, de l’efficacité de l’Etat, ne sont pas mises en œuvre, les entreprises ré-investiront leurs marges à l’étranger, pas en France. » Dans ce contexte, l’exécutif va à nouveau donner de la voix pour appeler l’Europe à plus d’indulgence sur les déficits et enjoindre à l’Allemagne d’investir et de ­consommer plus. Surtout si le chiffre de la croissance du PIB au 2e trimestre publié ce matin est aussi bas que ce qu’attendent les économistes (+ 0,1 %).

GUILLAUME DE CALIGNON

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