POLITIQUE - A l'approche de l'Université d'été du PS à la Rochelle, les critiques fusent. Marie-Noëlle Lienemann, de l'aile gauche du parti, a jugé samedi 16 août sur Europe 1 que, face au risque de "décrochage" de l'opinion et de sa majorité, François Hollande ne pourrait "pas tenir avec le seul soutien du Medef".
La sénatrice s'en est également pris à "l'étau des fameux 3%, qui sont une absurdité qui date de 20 ans", en référence au plafond de déficit public établi par l'UE, avant d'étriller l'Allemagne qui "décide toute seule, en fonction d'abord de ses propres intérêts". Plus étonnant, elle s'est fendue d'un conseil au président de la République. "Nous sommes contributeurs nets à l'Union" européenne, "nous devons dire, comme l'a fait de Gaulle" et "Margaret Thatcher en son temps: 'maintenant, ça suffit'", a-t-elle lancé.
Alors que le Premier ministre, Manuel Valls, a demandé vendredi "des initiatives" en faveur de l'investissement européen, la sénatrice a tranché: "l'investissement européen ne se débloquera pas à court terme". Il faut "créer un rapport de forces". Selon elle, "si le décrochage avec le peuple devient massif, majeur et même au sein de sa majorité devient si devient de plus en plus important", le chef de l'Etat "ne va pas pouvoir durablement tenir avec la seule stratégie et le seul soutien du Medef".
"La direction du PS et le président ont peur"
Marie-Noëlle Lienemann estime en outre que si le PS n'organise pas de Congrès extraordinaire, mais lance des Etats généraux, "c'est que, manifestement, la direction du PS et le président ont peur du vote des militants".
"Ce que je voudrais, c'est que le PS, ses élus, ses militants votent", a-t-elle dit. "Je ne prends pas mes distances avec le Parti socialiste, c'est ceux qui refusent de donner la parole à ses militants et à ses cadres qui posent problème. Donc il n'y a pas de raison de quitter le PS". Les ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon doivent venir écouter les mécontents à l'Université d'été de La Rochelle (29-31 août), "on sent qu'ils ont une préoccupation commune avec nous et une détermination à chercher une autre voie", a poursuivi Mme Lienemann.
"On peut leur demander maintenant un effort supplémentaire. On peut pas être ministre de l'Economie, dire qu'on n'est pas d'accord avec les fondamentaux de l'économie et ne proposer comme seule solution" que de "déréguler des professions comme les notaires et autres", a-t-elle dit en visant Arnaud Montebourg.