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Un plan de 66 millions d'euros contre les violences faites aux femmes

Ce budget est associé à ce plan prévoyant de faciliter le dépôt de plainte et de renforcer les dispositifs d'accueil et de soins aux victimes.
par AFP
publié le 22 novembre 2013 à 8h21
(mis à jour le 22 novembre 2013 à 16h28)

Le gouvernement double les moyens consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes dans un plan triennal présenté vendredi, qui comprend notamment des mesures visant à favoriser les plaintes et améliorer le recueil de preuves en cas de viol.

Ce plan interministériel, présenté par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, vise à «empêcher que les violences se forment». Il vise à «sortir les victimes de ce cycle infernal le plus rapidement possible» et «prévenir la formation des violences notamment par l'éducation et la sensibilisation du grand public», a déclaré la ministre vendredi.

Doté de 66 millions d'euros, il ambitionne de «ne laisser aucune violence déclarée sans réponse pénale, sanitaire et sociale». Il comprend notamment 1 650 nouvelles places d'hébergement d'urgence, le doublement des effectifs de travailleurs sociaux dans les commissariats et gendarmeries ainsi que des mesures pour favoriser les plaintes et améliorer le recueil de preuves en cas de viol.

A quelques jours de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, lundi, Najat Vallaud-Belkacem a affirmé qu'il est possible de «sauver beaucoup de femmes victimes de violences» grâce à des «citoyens conscients» et des «professionnels aguerris et formés.» «La protection, c'est une chaîne», a résumé Ernestine Ronai, coordinatrice de la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof).

Outre les professionnels, les citoyens peuvent agir, comme Youness Belhamra, 33  ans. En 2008 ce commerçant de la région lyonnaise a sauvé sa voisine qui «se faisait massacrer par son propre mari» au marteau et à la machette, dans leur appartement. Témoignant à la conférence de presse de la ministre, il a incité «tout le monde» à agir : «Il ne faut vraiment pas faire comme si on n'était pas concerné», a-t-il dit.

« Contre les violences, libérons la parole »

«Nous avons une part de responsabilité pour dénoncer l'insupportable», a déclaré la ministre en faisant référence au «troisième acteur» dans les affaires de violences: «la société, les témoins, les autres» qui sont «souvent démunis, parfois indifférents.»

Pour sensibiliser le grand public, une campagne audiovisuelle intitulée «contre les violences, libérons la parole» a été lancée vendredi, et le plan comporte des mesures visant à «mobiliser l'ensemble de la société» comme la formation des enseignants, magistrats, travailleurs sociaux ...

Le plan triennal (2014-2016) «va dans le bon sens» a réagi le mouvement Ni putes ni soumises (NPNS) dans un communiqué. Cependant, l'association demande «un effort significatif» sur l'accueil des victimes car la création des 1 650 hébergements d'urgence «n'est absolument pas suffisante.» En outre, NPNS a salué «la généralisation des kits de viol et la formation de 350 intervenants sociaux dans les commissariats.»

Le gouvernement prévoit l'expérimentation d'un «kit de constatation en urgence» qui sera proposé aux SAMU, et devrait permettre une meilleure prise en charge de la victime d'un viol, en assurant les soins mais aussi les prélèvements nécessaires à la constitution des preuves et l'orientation vers un commissariat en vue d'un dépôt de plainte.

De son côté la CFDT sera «attentive à la mise en place effective des mesures prévues dans le nouveau plan», a fait savoir la confédération dans un communiqué.

Il y a un viol toutes les sept minutes en France et 10 000 plaintes pour viol sont déposées chaque année (27 par jour) mais le nombre de condamnations varie autour de 1 400 par an, selon le ministère.

Le coût économique des violences est estimé à 2,5 milliards d’euros par an (coûts liés aux conséquences à court et long terme sur la santé, à l’intervention de la police, de la justice, aux aides sociales, etc).

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