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Handicap : «Pas envie de faire la superwoman pour pisser au resto»

Des citoyens handicapés se mobilisent contre le nouveau report de l'obligation d'accessibilité des lieux publics.
par Marie Piquemal
publié le 22 août 2014 à 7h47

«Je veux cesser de m'arracher les cheveux pour organiser chaque déplacement.» «Je veux pouvoir aller à la pharmacie de mon quartier.» «Je veux accéder à la plage comme tout le monde.» Ils ont tous les âges, ce sont des enfants, des jeunes, des actifs, des retraités. La plupart sont en fauteuil roulant, tous sont porteurs d'un handicap et souffrent au quotidien du manque d'accessibilité des lieux publics et des transports. Ils posent avec une feuille ou une petite ardoise sur les genoux. Certains avec le sourire, d'autres non, trop en colère.

L'initiative a été lancée par le collectif de citoyens «Non au report», créé via Facebook au printemps dernier pour tempêter contre le gouvernement qui a décidé d'accorder de nouveaux délais pour l'accessibilité des établissements accueillant du public. La loi de 2005 avait donné dix ans aux commerces, cabinets médicaux, services publics et entreprises de transport pour faire les travaux nécessaires, et devenir accessibles à tous. Mais «à six mois de l'échéance, environ 330 000 établissements sont aux normes, sur plus d'un million», déclarait la secrétaire d'Etat Ségolène Neuville mi-juillet, dans les colonnes de la Croix.

Plutôt que d'appliquer les sanctions au 1er janvier 2015, le gouvernement a choisi de rallonger les délais, sous certaines conditions, pour les établissements qui en feraient la demande. «Et l'on voudrait nous faire croire que ce n'est pas un report ! C'est vraiment se moquer du monde. Surtout, que contrairement à ce que dit la secrétaire d'Etat, ça ne fait pas dix ans qu'on attend, mais quarante. Le principe de l'accès des bâtiments pour tous a été posé dans la loi de 1975», s'énerve Elisa Rojas, avocate et à l'origine du collectif. Pour elle, la raison de ce retard est évidente : «Une absence totale de volonté politique.»

Elle est remontée aussi contre «les grandes associations censées nous défendre et qui n'ont pas fait leur travail». D'où ce collectif, monté en vitesse, et cet appel à témoignages sous forme de photos. «Il faut trouver d'autres moyens de se faire entendre que les manifestations compliquées à organiser pour des gens qui ont un mal fou à se déplacer.» Sur le Tumblr «Non au report», déjà une bonne centaine de photos, faites avec les moyens du bord, sont dans la boîte.

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