La Chine a exécuté huit personnes condamnées pour actes « terroristes » dans le Xinjiang, région de l'ouest du pays où vit une importante communauté musulmane ouïghoure. Trois de ces huit condamnés à mort étaient des « cerveaux » de l'attaque commise en octobre 2013 au cœur de Pékin, rapporte l'agence officielle Chine nouvelle, dimanche 24 août. Une voiture avait alors été précipitée sur la foule sur la place Tiananmen, tuant cinq personnes.
A l'occasion du procès, les autorités ont dévoilé des vidéos saisies sur les ordinateurs des condamnés et réalisées par eux. On les voit notamment brûler, à la fois à l'extérieur, mais aussi dans ce qui semble une cuisine, les drapeaux de différents pays, non seulement la Chine, mais aussi les Etats-Unis, l'Inde, le Pakistan, la Malaisie, l'Egypte et l'Allemagne.
ATTIRÉ PAR LE « DJIHAD »
D'ailleurs, un des accusés qui a été exécuté, interrogé auparavant par la télévision officielle CCTV, explique avoir été attiré par le « djihad » après avoir regardé un DVD en juin 2012. L'une des vidéos montre également le petit groupe se diriger vers le sommet d'une colline, l'un de ses membres portant un drapeau noir avec des inscriptions, où ils célèbrent une cérémonie d'engagement. « D'un sac en plastique, Ousmane Hassan [le chef du groupe qui est mort dans l'attentat de Tiananmen] a sorti des turbans qu'il nous a donnés, ensuite il nous a dit qu'on allait faire le djihad pour Allah », a-t-il commenté.
Les autres condamnés à mort étaient notamment accusés de création de cellules terroristes et de fabrication d'explosifs dans le but d'attaquer des policiers et de tuer des représentants de l'Etat. L'agence Chine nouvelle, qui cite les services de communication du gouvernement du Xinjiang, n'a pas précisé la date des exécutions.
INTENSE RÉPRESSION
Ces sentences s'inscrivent dans une campagne de répression musclée annoncée par Pékin après l'attentat du marché d'Urumqi, la capitale de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, le 22 mai.
En réaction, le gouvernement avait annoncé une vaste campagne de lutte antiterroriste, qui s'est traduite par des dizaines d'interpellations, des condamnations de masse, des exhibitions publiques de « terroristes » et des exécutions suivant des procès expéditifs.
Des opposants en exil accusent Pékin d'être responsable de la situation, en raison de sa politique sécuritaire répressive, de l'implantation de millions de Hans, l'ethnie majoritaire en Chine et de l'oppression culturelle contre les minorités. Le gouvernement, au contraire, met en exergue l'harmonie ethnique du Xinjiang et soutient que son action a amélioré la qualité de vie et développé l'économie de la région.
Le nombre des exécutions pratiquées en Chine chaque année est tenu secret, mais selon certaines estimations indépendantes, environ 3 000 condamnés y ont été exécutés en 2012 (soit davantage que dans tous les autres pays du monde réunis). L'usage de la force pour obtenir des aveux et des procédures policières expéditives y conduisent régulièrement à des erreurs judiciaires, insistent des organisations de défense des droits de l'homme.
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