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Nature & environnement

Sao Paulo, la mégapole du Brésil, a soif

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Les sols asséchés situés sur le barrage de Jaguari, à 100 km de Sao Paulo, au Brésil, le 19 août 2014
Les sols asséchés situés sur le barrage de Jaguari, à 100 km de Sao Paulo, au Brésil, le 19 août 2014
(c) Afp

Sao Paulo (AFP) - Mégapole et poumon économique du Brésil, Sao Paulo a soif, frappée depuis des mois par une grave sécheresse qui menace l'approvisionnement en eau de millions de personnes.

Les réservoirs du réseau Cantareira, qui alimente 45% de la région métropolitaine de Sao Paulo, une zone où vivent 20 millions de personnes, se trouvent à un minimum historique. Et ce niveau continue à baisser alors que d'autres réseaux montrent des signes de fatigue.

Le gouvernement local dirigé par le social-démocrate Geraldo Alckmin, qui en octobre briguera la réélection, a écarté un rationnement d'eau dans la capitale et la banlieue. Ceci, malgré les recommandations du parquet de rationner la consommation de son principal réseau de distribution afin d'affronter "la pire crise hydrique de la région et une panne dans l'ensemble des réservoirs".

La compagnie des eaux, la Sabesp, garantit l'approvisionnement en eau jusqu'en mars 2015, assurant qu'elle transfèrera de l'eau d'autres systèmes de barrages et qu'elle continuera à utiliser des réserves d'urgence, tout en encourageant la population à moins consommer.

- Et l'eau ? -

Selon la Sabesp, il n'y aura ni coupure ni rationnement dans les 364 communes de Sao Paulo qu'elle dessert (plus de la moitié du total).

Mais chez les 41,2 millions d'habitants que compte l'Etat de Sao Paulo, rien n'est moins sûr.

Une enquête du quotidien Folha de Sao Paulo a montré qu'en août, 46% des habitants de Sao Paulo capitale ont dit avoir souffert de coupures d'eau au moins une fois, contre 35% lors du sondage précédent en mai.

"La semaine dernière nous sommes restés quatre jours sans une goutte d'eau au robinet. Cela a été très difficile", raconte à l'AFP Adilson Becerra, une commerçante de 36 ans qui vit en banlieue.

La période des pluies qui va d'octobre à mars a été caractérisée par une sécheresse atypique entre 2013 et 2014 à São Paulo et la situation continuera en 2015, selon les experts.

Le manque de pluies touche aussi la production d'énergie hydroélectrique, la principale source au Brésil, cédant la place aux usines thermoélectriques plus chères et polluantes. Mais en année d'élection, le rationnement a été écarté par le gouvernement brésilien.

"La situation est critique pour l'eau potable et l'énergie. L'idéal serait que la population réduise sa consommation", commente Cristopher Vlavianos, président de Comerc Energía, un distributeur indépendant.

- Peu de pluies -

Dans d'autres villes de l'Etat de Sao Paulo qui ne sont pas desservies par la Sabesp, le rationnement est déjà en vigueur. Ainsi à Guarulhos, une municipalité de 1,3 millions d'habitants, l'approvisionnement en eau souffre de coupures depuis mars.

"On a l'impression qu'au Brésil on ne manquera jamais d'eau. En 2009 et 2010, il y a eu un excès d'eau, mais elle s'est perdue parce qu'on ne savait pas où la stocker. C'est une situation compliquée", déclare Marco Aurelio Cardoso, directeur de la compagnie des eaux de Guarulhos.

"Pendant des années nous avons été à la limite des réserves et rien n'a été fait pour améliorer l'infrastructure" tandis que "la population et la demande d'eau ont augmenté", explique le géographe Paulo Roberto Moraes, de l'Université catholique de Sao Paulo.

Le système résiste mais "maintenant nous avons une sécheresse qui se traduit par un manque d'eau dans les réserves depuis 15 mois", a-t-il ajouté.

Sao Paulo est la capitale économique du Brésil et a un parc industriel important : usines automobiles, fabriques d'avions, production agricole, minière, pétrolière, textile, chimique, entreprises de construction...

"Le manque d'eau aura un impact économique dont on ne connaît pas encore la portée. Mais le pire se situe au niveau de la confiance et des attentes car la lecture que l'on fait est celle d'une mauvaise gestion", estime l'économiste André Perfeito, du cabinet de consultant Gradual Investimentos.

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