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Économie

Pourquoi le président du Medef est sur un petit nuage avec le nouveau gouvernement

C'est presqu'en "fan" que le patron des patrons accueille ce mercredi le Premier ministre à l'université d'été du Medef. Gattaz rêve même d'une union sacrée entre gouvernement et entrepreneurs.
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Pierre Gattaz et Manuel Valls
Le président du Medef, Pierre Gattaz et le Premier ministre, Manuel Valls
Sipa

Le patron des patrons ne pouvait rêver plus belle entrée en matière pour son université d'été. Ce mercredi 27 août, Pierre Gattaz reçoit le Premier ministre pour le discours d’ouverture. Et il ne cache pas la satisfaction que lui procure ce nouveau gouvernement qui "assume" désormais totalement sa ligne sociale-libérale.

Si la décision de François Hollande et Manuel Valls de former un nouveau gouvernement "en cohérence avec les orientations définies par le président" a fait un heureux, c’est bien Pierre Gattaz. Le président du Medef dissimule sa joie pour ne pas jeter de l’huile sur le feu mais il est ravi du message que fait passer là l’exécutif aux entreprises : il est prêt à sacrifier des ténors de sa majorité politique –Arnaud Montebourg, Benoît Hamon- pour s’accrocher à sa ligne économique, la stratégie de l’offre.

Macron, le chouchou des patrons

Avis aux socialistes râleurs face aux "cadeaux" faits aux entreprises! Et le chef des patrons ne peut que se réjouir à la lecture de la composition du nouveau gouvernement: tous ses favoris sont là, Michel Sapin, Thierry Mandon, avec en prime le retour en fanfare du grand chouchou, Emmanuel Macron, l’ex-conseiller économique de l’Elysée qui devient ministre de l’Economie et de l’industrie. Avec une charnière Sapin-Macron à Bercy, supervisée par le secrétaire général Jean-Pierre Jouyet à l’Elysée et soutenue par l’autorité de Valls à Matignon : le casting ne peut que plaire au Medef ! Seul regret : Fleur Pellerin, très appréciée des milieux d’affaires, quitte le commerce extérieur.

De plus, suprême satisfaction pour Gattaz, son Université d’été va connaître un retentissement médiatique sans précédent puisque Valls a confirmé venir comme prévu prononcer cet après-midi le discours d’ouverture de l’Université d’été de l’organisation patronale, qui se tient ces mercredi 27 et jeudi 28 août à Jouy-en-Josas.

Une union sacrée pour redresser le pays

Vu le timing, l’allocation, très attendue, devrait prendre l’allure d’une véritable nouvelle déclaration de politique générale. Si, en public, le patron des patrons veille à ne pas mettre la pression, en privé, il se prend à rêver d’un discours "pas seulement rassurant mais galvanisant, d’union sacrée entre le gouvernement et les entrepreneurs pour redresser ce pays". Comme celui d’Angela Merkel devant un parterre de 600 patrons allemands, qui l’avait grandement impressionné. Après les critiques, les applaudissements

Sans états d’âme, Gattaz s’est donc converti en quasi-fan du premier ministre et du chef de l’Etat. Fini le temps des saillies, piques, critiques et plaintes, du "pas assez vite, pas assez fort" qui agaçait prodigieusement l’Elysée alors que le gouvernement affrontait la fronde dans la majorité parlementaire pour promettre d’alléger de 40 milliards d'euros les charges des entreprises et tentait péniblement de rétablir la confiance.

Le courage du Premier ministre apprécié

"Il y a un problème de langage, ce langage doit changer. A un moment, il faut que le patronat pense à ses propres intérêts et qu’il y ait la confiance dans l’économie", avait cinglé le chef de l'Etat en juillet après une dernière sortie alarmiste du chef des patrons jugeant la situation économique "catastrophique" et la France "proche de la mise en liquidation". Depuis, Gattaz avait changé de ton, signant l’armistice avec un message sur son blog le 18 août: "Avec le pacte de Responsabilité, le gouvernement fait ce qu'il faut et va dans la bonne direction."

Aujourd’hui, il applaudit le "courage du Premier ministre dans son pari de la compétitivité". D’ailleurs, le patron du Medef a préféré remballer sa présentation initialement prévue pour l’Université d’été, où il comptait égrener une liste de nouvelles revendications. En cette heure grave, il aurait été malvenu de donner l’image d’un patronat jamais content qui en réclame toujours plus.

Une hausse de la TVA ? 

Gattaz a donc plutôt choisi de dégainer un "Manifeste pour faire gagner la France" en 2020… une note plus positive et assez lointaine pour être consensuelle. De nouvelles revendications à venir Il a repoussé au 16 septembre son projet "1 million d’emplois", qui repart à l’attaque avec, au menu, des propositions choc comme revoir les seuils sociaux, libéraliser le travail le soir et le dimanche, le retour au discount de charges dans les services à la personne, la suppression des charges sociales pour les apprentis, l’abrogation de la taxe sur les transactions financières et l’allègement massif de tous les impôts à la production (C3S, CET, contributions transport, logement…).

Est-ce pousser son avantage trop loin ? Pas si sûr. Selon un document de travail révélé par Libération mardi, l’exécutif explorerait la piste d’une hausse de TVA de pas moins de 15 milliards pour les "partager entre soutien à l’investissement et réduction du déficit". Information prestement démentie tant à Matignon qu'à Bercy par Michel Sapin invité de France Inter ce mercredi matin.

Dans ce même document, les services du Premier ministre évoqueraient la "nécessité de faire davantage en reformes structurelles", telle la libéralisation du travail du dimanche et, au-delà, de nouvelles mesures pour flexibiliser le marché du travail. Où comment Valls devancerait même les désirs de Gattaz…

 

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