Daniel Mermet envisage un “Là-bas si j'y suis” sur le Web

Remercié par France Inter en juin dernier, l'animateur compte reprendre son émission sur Internet. Il profitera de la prochaine Fête de L'Humanité pour mettre en place une campagne de souscriptions. Objectif : lancer son pure player le 21 janvier prochain.

Par Malik Teffahi-Richard

Publié le 27 août 2014 à 18h41

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h18

A 11h30 ce mercredi 27 août, soit une demi-heure seulement après la très médiatique conférence de presse de rentrée de Radio France, Daniel Mermet tient la sienne propre à quelques pas, dans un petit théâtre aux boiseries sculptées. Devant trois journalistes et une vingtaine de fidèles auditeurs, l’ex-animateur de Là-bas si j’y suis sur France Inter (créée en 1989 et arrêtée en juin) veut dessiner les contours d’un futur pure player, censé faire renaître son émission de ses cendres. En introduction, il précise que « les réalisateurs de Radio France souhaitant assister à cette conférence ont été convoqués par la direction à midi », et confie son amertume (« l'arrêt de Là-bas si j’y suis s'est fait de manière vexatoire, humiliante et brisante »). Il remercie et énumère ses soutiens – dont 170 000 auditeurs-signataires de pétition –, regrette que la direction de Radio France ne les prenne pas en compte.

Cette même direction, assure-t-il (en reprenant les mots du journaliste François Ruffin, qui le soutient), a supprimé son émission parce qu’elle la considérait « comme une anomalie », à la fois « trop populaire, trop dissidente et trop antilibérale » – il précisera plus tard que les négociations pour lui confier une série d’émissions d’été sont au point mort. Dans la salle, on ne peut manquer de remarquer Daniel Schneidermann, fondateur d'@rrêt sur images : aucun partenariat n’a encore été noué, mais les deux Daniel semblent faits pour s'entendre ; ils ont traversé la même épreuve, à quelques années d'écart [Daniel Schneidermann a vu son émission arrêtée par France 5 en 2007, avant de rebondir sur le Web]. C'est de lui, de son pure player et de quelques autres médias (Mediapart, Basta, l'émission américaine Democracy Now!, la station milanaise Radio Popolare…), que Mermet prétend aujourd'hui s'inspirer.

Un « 7-9 neuf » sur Internet

Il souhaite animer chaque matin un « 7-9 neuf », sur Internet, dont la hiérarchie de l’information et les invités sont différents des grandes radios, et proposer reportages audio, vidéo, ainsi que des débats. Confiant, l’ancien producteur de France Inter promet de donner du travail, dès que possible, aux reporters de Là-bas si j'y suis qui n'ont pas trouvé de nouvel employeur (trois de ses ex-collaborateurs historiques, Antoine Chao, Charlotte Perry et Giv Anquetil animent, eux, Comme un bruit qui court le samedi à 17h sur Inter). Frédéric Lordon, économiste orienté à gauche, et Franck Lepage, militant et théoricien de l'éducation populaire, sont évoqués comme chroniqueurs.

Pour réussir, il peut sans aucun doute compter sur son charisme, son réseau, et sa propension à fédérer une vaste communauté – les fameux « AMG » ou « auditeurs modestes et géniaux ». Mais reste à définir un calendrier et une ligne éditoriale plus précise. Le 13 septembre à la Fête de L’Humanité, l’animateur controversé lancera une campagne de souscriptions, qui feront office de préabonnements – pour un prix évalué entre trois et neuf euros par mois. Une partie du site sera néanmoins gratuite, incorporant des archives de l'émission radio ainsi que son « répondeur », ressuscité, où la parole de gauche antilibérale et altermondialiste pourra s’épancher. Là-bas si j'y suis version web sera lancé le 21 janvier 2015, date anniversaire de la mort de Louis XVI.

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