Lille : Martine Aubry défie Valls sur l'encadrement des loyers

Lille : Martine Aubry défie Valls sur l'encadrement des loyers

    Grande absente de La Rochelle, où se déroulent les universités d'été du PS, Martine Aubry donne pourtant de la voix ce samedi. Alors que le Premier ministre, Manuel Valls, a enterré vendredi la loi Duflot en renonçant à l'encadrement des loyers sauf à Paris (et à titre expérimental), la maire de Lille (Nord) est sortie de son silence. Elle demande que sa ville, «reconnue comme la troisième la plus chère de France» , mais aussi d'autres puissent bénéficier aussi de cet encadrement, «dans le respect de l'engagement 22 de François Hollande».

    Martine Aubry veut ainsi appliquer l'une des mesures emblématiques de la loi Alur (accès au logement et un urbanisme rénové), que préconisait l'ex-ministre du Logement, Cécile Duflot. «Lille a besoin d'une régulation de ses loyers. La loi Alur le permet», indique l'ancienne responsable du PS, allant ainsi défier Manuel Valls.

    «Paris n'est pas la seule ville de France à avoir besoin d'une régulation de ses loyers», a estimé Martine Aubry dans un communiqué cosigné par Audrey Linkenheld, députée PS du Nord et conseillère municipale déléguée au plan lillois de l'habitat. «Le fait que l'on n'encadre que Paris est incompréhensible au regard du marché immobilier français et de la situation dans un certain nombre de territoires où les loyers dépassent les moyens de beaucoup de personnes», a déclaré plus tard la députée du Nord.

    «A Lille, depuis plus d'un an maintenant, nous travaillons en anticipation des obligations légales. Plus que jamais, nous sommes déterminés à faire aboutir ce travail, car notre ville a cruellement besoin d'un dispositif national lui permettant de réguler localement ses loyers et de les rapprocher des capacités financières réelles de ses habitants, tout en préservant la rentabilité des investisseurs», a soutenu Martine Aubry.

    Dans le communiqué, la maire de Lille note: «Il est bien sûr exact, pour reprendre les termes utilisés par le Premier Ministre, que +les conditions techniques ne sont pas partout réunies+ pour fixer dès maintenant dans les agglomérations les plus tendues de notre pays des loyers locaux de référence. Comment pourrait-il en être autrement quelques mois à peine après l'adoption de la loi Alur?». Et d'affirmer: «notre ville a cruellement besoin d'un dispositif national lui permettant de réguler localement ses loyers et de les rapprocher des capacités financières réelles de ses habitants, tout en préservant la rentabilité des investisseurs».

    Selon Audrey Linkenheld, le travail préalable d'évaluation des loyers dans l'agglomération du Grand Lille est déjà bien avancé et il faudra environ six mois pour l'achever, en concertation avec les collectivités, les professionnels de l'immobilier et l'agence départementale d'information sur les logements (ADIL).

    Un communiqué qui tombe à pic à l'université d'été du PS

    Et Martine Aubry vient de trouver un soutien de poids, le président de l'Assemblée nationale. Claude Bartolone a indiqué à la Rochelle : «Sur le fond, elle a raison, a admis Claude Bartolone sur BFM-TV. Nous sommes une démocratie décentralisée. Que sur cette question de la tension des loyers, on puisse dire finalement aux grandes agglomérations de voir si elles sentent cette tension ou pas, cela ne me dérange pas.»

    «Mais elle (Martine Aubry) l'aurait annoncé lundi, cela ne m'aurait pas dérangé non plus», a ajouté Claude Bartolone.

    La veille, l'ex-ministre écologiste Cécile Duflot avait qualifi?d'inouïe» la décision de limiter l'encadrement des loyers à Paris. «Celui-ci avait été voté par l'unanimité de la majorité et le Premier ministre tout seul annonce son abandon», avait-elle dénoncé, disant qu'il s'agit d'un «cadeau fait aux lobbies».Pour elle, «on a cédé à une opération de communication et d'intoxication en oubliant des centaines de milliers voire des millions de personnes qui souffrent de la crise du logement». La responsable écologiste estime qu'«on avait les moyens d'agir». Samedi, Manuel Valls a répliqué sur i-Télé que «la machine était bloquée. C'est le nom même de Cécile Duflot qui bloquait».

    Quant à la coïncidence du communiqué D'Aubry avec l'université d'été quelque peu houleuse du PS à La Rochelle, la député du Nord, Audrey Linkenheld, l'assure: «Franchement, c'est un concours de circonstances... Cela faisait des semaines que l'on attendait les annonces du gouvernement sur le logement, et il se trouve qu'elles sont tombées hier». Un point de vue qu'a également soutenu l'entourage de Martine Aubry: «Si les décisions annoncées hier l'avaient été avant, nous aurions réagi aussi vite et de la même manière».

    QUESTION DU JOUR. Logement : regrettez-vous l'abandon de l'encadrement des loyers ?