Contraint de démissionner, jeudi 4 septembre, pour s'être soustrait au fisc, le secrétaire d'État au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, a quitté le gouvernement, neuf jours seulement après sa nomination, un record sous la Ve République.
C'est un de ses proches, le député PS du Lot-et-Garonne Matthias Fekl, 36 ans, franco-allemand, qui lui succède, avec exactement les mêmes attributions. Agé de 40 ans, ce proche d'Arnaud Montebourg, il est élu comme lui en Saône-et-Loire, est qualifié de fabiusien.
"Retards de déclaration et de paiement"
Jeudi, l'ex-secrétaire d'Etat a admis, dans une déclaration écrite à l'AFP, des "retards de déclaration et de paiement (...) à l'égard de l'administration fiscale", qui "sont, à ce jour, intégralement régularisés avec l'ensemble des pénalités qui s'y référent, conformément à la loi". Certains médias affirmaient jeudi soir que Thomas Thévenoud n'avait pas déclaré ses revenus pendant plusieurs années.
Vendredi, Jean-Louis Nadal, le président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a fait savoir que cette dernière était à l'origine du contrôle fiscal de Thomas Thévenoud.
La HATVP, nouvelle instance indépendante créée par les lois post-Cahuzac d'octobre 2013, "a engagé le contrôle fiscal des ministres dès le lendemain de leur nomination" et "c'est cette procédure qui a conduit à la démission de Thomas Thévenoud" a-t-il indiqué.
"Une très mauvaise nouvelle"
Matignon de son côté s'est borné à dire que cette démission surprise était due à "une situation découverte après sa nomination".
Najat Vallaud-Belkacem est également revenu, vendredi 5 septembre sur ce départ. "C'est évidemment une très mauvais nouvelle et on s'en serait bien passé", a réagi la ministre de l'Education nationale sur RTL.
"La seule chose qu'il faut retenir positivement de cette affaire, c'est que les règles que nous avons adoptées sur l'exemplarité, sur la transparence, sur le financement de la vie publique sont appliquées et c'est bien pour cela que Thomas Thévenoud a pris la décision de remettre sa démission", a poursuivi la ministre.
"C'est un coup dur, indéniablement ça nourrit la défiance à l'égard des responsables politiques (...) tout le monde n'est pas dans cette situation. Il y a des hommes et des femmes politiques qui respectent la loi", a-t-elle assuré.
Le retour de Thomas Thevenoud à l'Assemblée nationale - il peut redevenir député - a également fait l'objet de plusieurs critiques, notamment sur Twitter.
Donc, quand on paie pas des impôts on peut pas être ministre mais on peut redevenir député ??? #Thévenoud #exemplarité #tartufferie
— Hugues ANSELIN (@AnselinH) 5 Septembre 2014
Thevenoud secrétaire d'Etat au commerce extérieur démissionné va vraiment redevenir… député ?
— Gilles Klein (@GillesKLEIN) 5 Septembre 2014
(Avec AFP)