Infographie. Ce que gagnent vraiment les pilotes d'Air France

 

Infographie. Ce que gagnent vraiment les pilotes d'Air France

    Un pilote d'Air France coûte plus cher à la compagnie aérienne que son homologue de chez Transavia, la low-cost du groupe. Depuis le début de la grève, c'est l'argument choc de la direction pour rejeter la principale revendication des syndicats. Face au développement de la compagnie low-cost, le SNPL, le Spaf et Alter souhaitent en effet que tous les avions de plus de 100 places, qu'ils appartiennent à Air France, à Transavia ou à Hop ! (la compagnie régionale du groupe), soient pilotés par des salariés d'Air France. Inacceptable pour la direction, qui a fait ses calculs.

    Entre 155 000 et 196 000 euros par an

    En tenant compte uniquement des rémunérations et des prestations sociales, l'heure de vol d'un pilote d'Air France est 27â??% plus chère que celle de son homologue de chez Transavia.Selon nos informations, si les salaires de base des pilotes d'Air France et de Transavia sont similaires (autour de 75â??000 â?¬ brut annuels), avec l'ancienneté et le grade, les écarts se creusent.

    Un commandant de bord moyen-courrier touchera entre 139â??000 et 160â??000 â?¬ brut annuels chez la low-cost contre 155â??000 â?¬ à 196â??000 â?¬ chez Air France. Des différences de traitements d'autant plus importantes qu'elles se doublent d'un temps de travail nettement moins avantageux pour les 155 pilotes de Transavia. Là où ceux-ci effectuent en moyenne 700 heures de vol par an, ceux d'Air France, en fonction de leurs qualifications sur les différents types d'avions de la flotte, naviguent entre 630 et 678 heures de vol. L'un des plus bas d'Europe. A cela, il faut ajouter divers avantages â?? mutuelle, caisse de retraite, comité d'entreprise, billets à prix préférentiels pour les proches â??, souvent plus favorables chez Air France que chez Transavia.

    Habitués à être présentés comme des «nantis»

    Bref, fruits de plusieurs décennies de négociations, parfois acharnées, comme en 1998, les conditions sociales des pilotes d'Air France sont plus intéressantes que celles de sa cousine à bas prix.Des chiffres régulièrement contestés voire moqués par les syndicats de pilotes. Pas vraiment une surprise. Depuis le début du conflit, ces derniers ont bien compris le danger de présenter ce mouvement comme la défense d'un statut où les salaires atteignent des sommets. Une crainte justifiée pour ces pilotes habitués à être présentés comme des « nantis » et parfois même affublés par les salariés au sol d'Air France du peu flatteur acronyme TPMG, pour « Tout pour ma gueule ».

    D'ailleurs, lundi, le secrétaire général de la CFDT n'a pas hésité à qualifier ce mouvement d'« indécent » et de « corporatiste ». Même tonalité du côté de la majorité socialiste. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, exige la fin de cette grève qu'il estime « hors de propos ».