“Ce qu’il y a peut-être de plus étonnant à propos du référendum écossais, c’est qu’il n’y a quasiment aucun journal, local, régional ou national, anglais ou écossais, qui soit en faveur de l’indépendance, à l’exception du Sunday Herald”, écrit George Monbiot ce jeudi 18 septembre dans le Guardian.

Ceux qui vont voter “oui” n’ont eu aucune représentation dans les médias. Malgré tout, la campagne en faveur de l’indépendance a continué à prospérer en dépit des attaques de la presse.

Mépris de classe dominante

Pour le journaliste, la couverture médiatique du référendum montre “toutes les pathologies de la corporation”. Il se lance dans une énumération des “généralisations infondées” publiées par ses confrères au cours des dernières semaines. Du Spectator au Times en passant par le Daily Mail, tous les grands journaux se sont lancés dans une surenchère de clichés racistes et de points de vue condescendants : “Les Ecossais sont dépendants de l’assistance publique et ont adopté la culture des allocs à gogo” ; “Nombre d’entre eux ont l’impression que ce n’est pas à eux de payer des impôts” ; “Les Ecossais sont une bande d’enfants pourris gâtés, égoïstes”. Pour Monbiot, il s’agit du mépris de la “classe dominante”, de l’élite qui regarde le petit peuple écossais comme “leurs serfs, leurs pauvres, les Irlandais, les Africains, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux”.

Les médias anglais, poursuit-il, ont été incapables de faire la distinction entre une cause et une personne : le référendum a été présenté comme l’élection d’une personnalité, Alex Salmond, vu comme une sorte de monstre. Le Daily Telegraph n’a pas hésité à le comparer à Robert Mugabe, précise Monbiot. Le Daily Mail, avec la finesse qui le caractérise parfois, a pour sa part fait le lien entre la “menace de l’indépendance” et celle d’Adolf Hitler…

Les médias, porte-voix des politiques

“Comme ils vivent dans un petit cercle de lumière, la plupart des journalistes chevronnés sont incapables de comprendre le désir de changement”, souligne Monbiot. Même le Guardian – journal pour lequel il écrit et qui est, pour lui, “censé représenter les non représentés” – a failli sur l’indépendance écossaise.

“En dépit de la montée des réseaux sociaux, les médias traditionnels continuent, en Grande-Bretagne, à être les porte-voix des politiques, et à punir et effacer les opinions divergentes. Ils constituent l’une des chambres du cœur corrompu de la Grande Bretagne, suscitant la peur, la désinformation et la haine dans l’opinion publique”.