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Comment Elon Musk, le fondateur de Paypal, est devenu la terreur de l'espace

La Nasa a confié à sa société SpaceX, le soin de mettre sur orbite les astronautes. Et ce n'est que le début d'une conquête qui irrite autant Arianespace que Boeing.
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Elon Musk
Elon Musk, pendant la conférence de presse de lancement du nouveau vaisseau Dragon.
Jae C. Hong/AP/SIPA

Mars 2006, le salon Satellite, à Washington. Devant un parterre encravaté de gros bonnets de l’industrie spatiale, un gaillard blond, jean et tee-shirt, monte sur scène. "Salut à tous, je m’appelle Elon Musk, je suis le fondateur de SpaceX. Dans cinq ans, vous êtes morts." 

Huit ans plus tard, les sourires condescendants de la salle ont laissé place à une anxiété palpable. Si Arianespace, Boeing ou ILS sont toujours là, la start-up californienne a réussi une entrée fracassante sur le marché. Après lui avoir attribué en 2008 un contrat de ravitaillement vers la station spatiale internationale (ISS), la Nasa vient à nouveau de choisir SpaceX, aux côtés de Boeing, pour développer les capsules de transport des astronautes américains vers l’ISS, intitulées Dragon 2, un marché à 2,6 milliards de dollars.

Des clients prestigieux

Pas de doute: Elon Musk, non content d’électriser le marché automobile avec Tesla, est devenu la nouvelle terreur du spatial. "La Nasa avait mis le pied à l’étrier à SpaceX, le groupe a su capitaliser sur ce succès pour attaquer le marché des lancements commerciaux", résume Rachel Villain, directeur espace au cabinet Euroconsult. SpaceX affichait ainsi en juillet une part de marché en valeur de 20% sur les satellites à lancer, selon Euroconsult, avec des clients prestigieux comme SES, AsiaSat ou Iridium.

Et l’offensive n’en est qu’à ses prémisses : après avoir développé la fusée Falcon 9, d’une capacité de 4,8 tonnes, Musk vise le marché des lanceurs lourds, avec un Falcon Heavy capable d’envoyer 21 tonnes en orbite géostationnaire: premier tir d’essai annoncé pour 2015. Le patron de Space X s’attaque même au monopole d’United Launch Alliance, joint-venture entre Boeing et Lockheed Martin, sur les lancements militaires… en poursuivant en justice le gouvernement américain pour qu’il ouvre le marché à la concurrence.

Le pari du low cost

Comment Musk a-t-il pu s’imposer si rapidement ? Dès le lancement de SpaceX en 2002, l’ancien patron de PayPal fait le pari du low-cost : le groupe revendique un prix de lancement de 61 millions de dollars par satellite avec son Falcon 9, quand Ariane 5 facture 200 millions de dollars pour deux satellites. Là où les géants de l’espace sous-traitent à tour de bras, la start-up garde l’essentiel de la charge en interne, pour économiser les marges des fournisseurs et mieux contrôler les programmes. Le site d’assemblage californien de Hawthorne a ainsi de faux airs de l’usine de corned-beef de Tintin en Amérique: "D’un côté de l’usine entrent les tôles, de l’autre sortent les lanceurs", résumait le 1er juillet Jean-Yves Le Gall, le président du CNES.

Tiendra-t-il les délais ?

Pour contenir ses coûts, Musk a fait le choix de technologies matures et bon marché. Pas de moteur cryogénique (hydrogène et oxygène) comme le Vulcain d’Ariane 5, puissant mais coûteux : Falcon 9 est propulsée par de simples moteurs à kérosène, que SpaceX produit en série pour bénéficier de l’effet d’échelle. "La patte Musk, c’est l’innovation par les procédés industriels plus que par des technologies de rupture", pointe François Chopard, associé au cabinet Impulse Partners.

La partie n’est pas encore totalement gagnée pour autant. "SpaceX a beaucoup signé de contrats, ils doivent désormais prouver qu’ils savent lancer dans les délais", souligne Rachel Villain, chez Euroconsult. D’autant que la concurrence ne reste pas les bras ballants : les ministres de l’espace européens doivent approuver le 23 septembre les choix techniques du futur lanceur Ariane 6, réplique au succès de SpaceX prévue pour 2019.

 

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