"Daesh": l'Etat islamique n'aime pas le nom que lui a attaché la France
Par Adrien Oster
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Une attaque sémantique lancée par Laurent Fabius, il y a quelques jours, le 10 septembre dernier, lors d'une séance de questions au gouvernement: le ministre des Affaires étrangères conteste alors l'emploi du nom "état islamique" (voir la vidéo ci-dessus). Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a imité son homologue français ces derniers jours.
Si le terme "Daesh" est en fait l'acronyme en arabe de l'EIIL (état islamique en Irak et au levant), plusieurs témoignages indiquent que ce changement de vocabulaire n'est pas vu d'un très bon œil par les jihadistes eux-mêmes. Car, en prononçant l'acronyme, on n'entend plus le mot "islamique".
Couper la langue
Des habitants de Mossoul, la deuxième plus grande ville d'Irak, tombée au groupe extrémiste en juin, ont déclaré à l'agence américaine Associated Press que les militants ont menacé de couper la langue de ceux qui utilisent publiquement le terme "Daesh".
Dans une interview aux Clés du Moyen Orient, Romain Caillet, islamologue à l'Institut français du Proche-Orient, souligne ainsi que Daesh est un terme "impropre et péjoratif, utilisé par les opposants à l’Etat islamique".
Le chercheur, basé au Liban, raconte à Saphir News: "Je connais un ingénieur syrien vivant au Liban qui est parti dans sa ville d'origine, tenue par l'EI, pour visiter sa famille. Après avoir rencontré ses amis d'enfance, il demanda comment se passaient les relations avec Daesh. Ses amis l'ont immédiatement avertis que si quelqu'un de l'EI l'entendait parler ainsi, il était bon pour quelques jours de prison".
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L'Etat islamique, c'est quoi? - Peu après le début de la guerre en Irak menée par les Etats-Unis, un nouveau groupe jihadiste voit le jour en Irak. C'est l'origine de l'Etat islamique. Ce groupe se présentait comme le défenseur de la minorité sunnite face aux chiites qui ont pris le pouvoir avec l'invasion conduite par les Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par des tueries de chiites et les attaques-suicides contre les forces américaines. Sa brutalité et son islam intransigeant pousseront finalement les tribus sunnites à le chasser de leur territoire. Traqués en Irak, ses membres dès juillet 2011, soit trois mois après le début de la révolte contre Bachar al-Assad, sont appelés à aller combattre en Syrie contre le régime. Une implication dans le conflit syrien qui lui permet un véritable essor. En Syrie, rapidement apparaissent les dissensions entre jihadistes irakiens et syriens. Les premiers proposent la création en avril 2013 de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL) mais le chef syrien refuse et maintient le Front al-Nosra qui devient la branche officielle d'al-Qaïda en Syrie. Fort de ses victoires en Irak et en Syrie, le chef de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 2014 un "califat" à cheval sur les deux pays. A cette occasion, le groupe jihadiste est renommé Etat islamique (EI). Il est appelé ISIS en anglais et Daesh en arabe. Photo: le drapeau de l'Etat islamique