Monde

Sud-Soudan: un rescapé de Srebrenica sauve des milliers de civils du carnage

Sud-Soudan: des réfugiées dans un camp de l'Onu font la file pour une distribution de nourriture

© FABIO BUCCIARELLI - BELGAIMAGE

Temps de lecture
Par Julien Vlassenbroeck

Juillet 1995, les troupes serbes entrent dans Srebrenica et massacrent méthodiquement 8000 hommes, femmes et enfants, quasiment sous les yeux de Casques bleus qui ne bronchent pas.

Aujourd’hui âgé de 40 ans, Nedzad Handzic est le seul survivant de son clan. Sa famille, ses voisins, ses amis, tous ont été tués lors de ce carnage.

Policier de carrière, il a rejoint, depuis 2012, les forces de maintien de la paix qui sont déployées au Sud-Soudan.

Le 15 décembre dernier, alors que la guerre civile se déclenche dans le pays, il dit se souvenir avoir pensé : "Ce qui s’est passé à Srebrenica ne peut pas se répéter ici". Il l’a confié au site d’information américain Global Post.

Ce jour-là, il se trouve dans la base des Nations Unies à Juba, capitale du tout jeune Sud-Soudan. Depuis plusieurs heures, la ville est le théâtre d’échanges de tirs. La capitale est alors à l’aube d’une guerre civile.

"Je me suis dit : si on n’ouvre pas les portes, ces gens vont être massacrés"

"D'heure en heure, les combats prenaient de l’ampleur", se souvient-il, toujours cité par Global Post.

Petit à petit, des habitants apeurés s’agglutinent aux portes de la base où se trouve Nedzad Handzic. Des femmes et des enfants pour la plupart. Au fur et à mesure que les combats s’intensifiaient, de plus en plus de gens viennent supplier pour que l’on ouvre les portes de la base afin de les laisser s’y réfugier.

"Je me suis dit : si on n’ouvre pas les portes, ces gens vont être massacrés", se souvient le rescapé de Srebrenica. Il a alors averti ses supérieurs. Sur base de ses conseils, une requête est envoyée au quartier général des Nations unies à New York. Et deux heures plus tard, Nedzad Handzic et ses hommes recevaient le feu vert pour ouvrir les portes.

D’autres bases des Nations Unies au Sud-Soudan ont suivi cet exemple et au final ce sont plus de 100 000 personnes qui ont pu trouver refuge derrière les barbelés des camps des Nations Unies.

Cependant, le havre n’est pas inviolable: en avril dernier, plusieurs centaines d’hommes armés forcent les portes de la base Bor (200km au nord de Juba), massacrent 58 personnes et en blessent plus d’une centaine parmi les réfugiés du camp.

Et en juin dernier, près de 38 000 personnes étaient réfugiées dans le camp de Bentiu où maladies et malnutrition avaient provoqué un nombre "alarmant" de décès selon Médecins sans frontières.

Mais reste que, suite à l’intervention d’un rescapé d’un massacre, près de 100 000 personnes ont trouvé refuge dans les camps de l’Onu. Et ont ainsi évité d’être elles-mêmes massacrées, soit par les troupes du président Salva Kiir, soit par celles de son rival, Riek Machar.

Julien Vlassenbroek (@julienvlass) avec Global Post

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Massacre de Srebrenica: sept ex-policiers serbes arrêtés

Monde

Temps de lecture

Articles recommandés pour vous