Les touristes ou hommes d'affaires un peu fous qui ont voulu acheter un billet d'avion Paris-Toulouse le 17 septembre en utilisant les comparateurs de prix ou les sites low-cost n'en sont pas encore revenus : parmi les nombreux vols proposés par les comparateurs, on pouvait trouver un billet à… 4.338 euros sur Google Flights, avec un trajet d'une durée totale de 6 heures 35 minutes (escale à Francfort). (Suite après l'illustration)
Si le tarif vous semblait un peu élevé, il était possible de se rabattre sur un vol à 2.971 euros, mais pour un trajet d'une durée totale de 23 heures et 55 minutes, avec deux escales dont l'une… à Casablanca, au Maroc.
La grève est-elle responsable ?
La grève est-elle responsable de ces prix fous ? Les compagnies ont-elles profité de la pénurie pour augmenter les prix ou mettre les billets aux enchères ? Et comment les prix ont-ils pu atteindre la somme record de 4.338 euros sur Google Flights ? : "en fait, nous sommes un simple comparateur de prix, et Google a toujours joué la carte de l'exhaustivité dans ses résultats de recherche, indique un porte-parole de Google France: nous livrons donc tous les résultats, et nous n'avons pas à juger si les prix sont trop élevés ou le trajet trop long, c'est à l'internaute de se décider".
Un constat qui fait rire Jean-Pierre Nadir, fondateur du comparateur de prix Easyvoyage: "Google se repose uniquement sur la technologie et les algorithmes, indique-t-il. Du coup, pas étonnant qu'ils fassent apparaître des résultats aberrants. Ces résultats bruts doivent être affinés pour éliminer ceux qui sont absurdes, et pour ça nous nous reposons sur une équipe de 4 personnes chargée de vérifier les résultats et d'éliminer les offres visiblement hors-norme".
Bien que plus modérés, les prix affichés par les compagnies low-cost, avec par exemple un Paris-Toulouse aller et retour à plus de 1.300 euros, ont fait bondir certains passagers potentiels :
Grève Air France : easyJet a décidé d'augmenter ses tarifs semble-t-il pic.twitter.com/i9TebnaZCq”
— Jean-Louis Frechin (@nodesign) 13 Septembre 2014
Chez Easyjet, on se défend d'avoir profité de la situation: "nous n'avons pas augmenté les prix du fait de la grève, affirme un porte-parole de la compagnie. Nous avons même mis 1.300 places supplémentaires en vente. Simplement, les prix ont pu atteindre les niveaux constatés car le système est basé sur le "yield management" (système qui fait dépendre le prix des billets du taux de remplissage de l'avion NDLR)". Toujours selon Easyjet, les 1.300 places supplémentaires ont pu être obtenues grâce à une "meilleure rotation des avions". Question: comment cette rotation a-t-elle pu être améliorée, dans la mesure où les compagnies se voient attribuer un nombre fixe de "slots" (créneaux horaires) pour les décollages et atterrissages ? "Nous ne communiquons pas le détail des négociations avec les aéroports pour l'obtention des slots", répond-on chez Easyjet. Problème: ce ne sont pas les aéroports, mais la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui attribue ces "slots". Mais à la DGAC, on reconnaît que, "pour les vols intérieurs, le planning des vols peut être modifié jusqu'à une heure avant le décollage". Bref, les compagnies aériennes low-cost n'ont peut-être pas volontairement augmenté les prix. Le "yield management", la loi de l'offre et de la demande, et l'ajustement instantané des tarifs que permet Internet s'en sont chargés eux-mêmes !