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Comment Sarkozy déforme à son avantage les statistiques de sa page Facebook

Si le message annonçant son retour a été beaucoup lu, l'ancien président surestime quand même l'audience et les retombées de cette publication.

Le Monde

Publié le 22 septembre 2014 à 19h00, modifié le 23 septembre 2014 à 08h36

Temps de Lecture 4 min.

La page Facebook de Nicolas Sarkozy et se 983 473

Ce que Nicolas Sarkozy a dit dans le JDD :

« Déjà deux millions et demi d'internautes ont lu mon message. Cette nuit, on a vu 300 000 Français d'Amérique le consulter et j'ai gagné 35 000 nouveaux amis en moins d'une journée. C'est bouleversant de voir tous ces gens qui reprennent confiance. Mon audience sur Facebook fait le double de celle de la conférence de presse de Hollande et en une seule journée j’ai gagné plus de nouveaux amis que le total de ceux de Juppé et Fillon réunis. »

Pourquoi c’est exagéré :

Nicolas Sarkozy se présente comme un utilisateur précurseur de Facebook, avec une page à son nom alimentée depuis 2009. Reste que ses déclarations, revenant sur le fort succès du message posté vendredi 19 septembre annonçant sa candidature à la tête de l’UMP (plus de 100 000 « J’aime » et 20 000 partages en trois jours), confondent beaucoup de choses dans le fonctionnement du réseau social.

  • Des « fans », et non des « amis »

Le nouveau candidat à la présidence de l’UMP a bien une « Page Facebook » qui rassemblait, vendredi matin, 937 000 fans – soit « les personnes qui aiment la page » et qui veulent en recevoir les dernières publications. Cette page comptait, lundi matin, 980 000 fans, traduisant une augmentation en trois jours d’environ 43 000 fans (ce qui est beaucoup comparé aux 88 000 fans que la page avait auparavant gagné entre septembre 2013 et septembre 2014, avant la publication du message de retour).

Mais ces fans sont loin d’être des « amis » de Nicolas Sarkozy. Sur Facebook, les « amis » désignent exclusivement les contacts établis par un utilisateur sur son compte personnel. Or, comme l’explique Facebook, « un compte personnel ne peut compter que 5 000 amis » avec qui on peut échanger des publications et des messages de manière plus ou moins privée. Raison pour laquelle le réseau social a mis en place les « pages », qui permettent à une entreprise ou une organisation de communiquer avec une large audience autour de leur nom.

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Formulaire de création d'une page Facebook.

Pour Nicolas Sarkozy, parler d'« amis » plutôt que de que « fans » donne un sens plus positif et personnel à cette audience. Il en tire d’ailleurs la conclusion : « C'est bouleversant de voir tous ces gens qui reprennent confiance. »

Cette lecture exclut cependant tous les utilisateurs de Facebook ayant « aimé » la page de Nicolas Sarkozy pour simplement s'abonner et recevoir les dernières actualités le concernant (ce qui peut être utile pour tous les militants d’autres courants politiques, ou les personnes intéressées par l’actualité de la droite française), sans pour autant adhérer à ses idées ou au personnage.

  • Un nombre réel de lecteurs impossible à déterminer

La question de l’audience du message posté le 19 septembre est, de même, décrite d’une manière un peu trop favorable. Il n’est ainsi pas possible de déterminer si « deux millions et demi d’internautes ont lu » l’annonce de Nicolas Sarkozy en se fondant sur les statistiques fournies par Facebook.

Ce chiffre de « deux millions et demi » se rapproche vraisemblablement du nombre d’utilisateurs ayant vu le message s’afficher sur leur fil d’actualité (une portée qui s’appelle, techniquement, le « reach »), dans le cadre des règles de diffusion des publications sur Facebook (plus un message public est aimé, commenté ou partagé par des utilisateurs, plus les chances qu'il soit visible par leurs amis s'accroissent).

En mars, une tribune de Nicolas Sarkozy qui avait eu un succès comparable s'était par exemple retrouvée sur les murs de deux millions de membres de Facebook. Mais cette mesure de la visibilité n'est pas un compteur de lecture du texte. Les utilisateurs ont tout aussi bien pu le masquer en le découvrant dans leur fil d’actualité en ouvrant Facebook, le voir sans le lire, le commenter sans l’avoir lu, etc.

  •  Des « Français d'Amérique » bien flous

Enfin, la question de savoir comment Nicolas Sarkozy a pu déterminer que « 300 000 Français d’Amérique » ont « consulté » le message reste entière. Facebook précise bien aux administrateurs des pages que les statistiques disponibles sur l'audience d'un seul message concerne uniquement le nombre de réactions générées (« J’aime », partages, clics, commentaires, masquages, etc.).

Les seules données géolocalisées concernant l’audience des messages d’une page se trouvent dans un onglet de l’outil statistique, qui fait la synthèse de cette audience sur les 28 derniers jours (voir la capture d’écran ci-dessous).

Extrait des outils statistiques de Facebook pour analyser l'audience d'une page.

Le chiffre donné par Nicolas Sarkozy peut ainsi désigner la somme de plusieurs données de l’audience de sa page issue de l’activité des quatre dernières semaines (les utilisateurs de Facebook en langue française, les utilisateurs de Facebook s’étant connectés depuis des pays américains ayant vu un message de Nicolas Sarkozy, etc.).

Dans tous les cas, parler de « 300 000 Français d'Amérique » a de quoi induire en erreur. La formulation laisse entendre que l’intégralité de la population française établie sur le continent américain en 2013, selon les chiffres de la diplomatie française (212 815 Français en Amérique du Nord et 99 471 en Amérique centrale et du Sud) est allée lire le message Facebook de l'ancien président. Ce qui semble pour le moins improbable.

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