Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Hongkong, la grève des étudiants tourne à la confrontation avec la police

Reportage. Le mouvement contre les nouvelles procédures électorales, jusqu'ici très pacifiste, a abouti samedi à plusieurs arrestations.

Par  (Hongkong, correspondance)

Publié le 27 septembre 2014 à 10h04, modifié le 27 septembre 2014 à 10h15

Temps de Lecture 3 min.

Manifestations d'étudiants à Hongkong le 27 septembre.

Certains portent des lunettes de natation et des masques chirurgicaux, d'autres se sont emballés les yeux et le front sous du film en plastique. Le parapluie est leur principale défense contre les tirs de gaz de poivre utilisés par les forces de l'ordre depuis vendredi 26 septembre au soir pour essayer de disperser les centaines d'étudiants qui refusent toujours de quitter les abords de l'assemblée législative. « Nous n'avons commis aucun crime », scandent les étudiants et des lycéens qui ont rejoint le mouvement de grève de leurs aînés.

Après une semaine de grève « modèle », des confrontations d'une violence hors normes à Hongkong ont eu lieu entre les étudiants et les forces de l'ordre dans la nuit de vendredi à samedi. Environ 200 étudiants ont réussi à forcer le passage jusqu'à « Civic Square », devant les nouveaux bâtiments du gouvernement et de l'assemblée législative.

ARRESTATIONS ET BLESSÉS ÉVACUÉS

Les policiers ont d'abord brandi des bandeaux rouges indiquant : « Arrêtez de forcer le passage, ou nous devrons utiliser la force ». Une série d'arrestations ont suivi. Joshua Wong, meneur en 2012 de la fronde contre le programme d'éducation patriotique, a été l'un des premiers menottés. Plusieurs blessés ont été évacués. A l'aube, de nouveaux heurts ont eu lieu quand la police, qui avait encerclé les étudiants au milieu de l'esplanade, a de nouveau tenté de leur faire quitter les lieux, sans y parvenir.  Selon un communiqué publié samedi par la police locale, treize personnes, âgées de 16 à 35 ans, ont été arrêtées.

Manifestations à Hongkong.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

Dans la matinée, le cardinal Zen, figure du combat démocratique et anticommuniste invétéré, et le professeur de droit Benny Tai, organisateur du mouvement de désobéissance civile « Occupy Central » qui doit commencer le 1er octobre, ont rejoint les étudiants encore sur place. Des médecins et infirmières bénévoles prenaient en charge les étudiants les plus faibles.

UN MODE ÉLECTORAL CONTESTÉ

Le 31 août, le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire chinoise a décidé que les Hongkongais ne pourraient choisir le chef de l'exécutif que parmi deux ou trois candidats, préalablement validés par un comité électoral de 1 200 personnes. Une procédure que certains estiment en recul par rapport à la méthode actuelle, laquelle n'inclut pas le suffrage universel mais est moins restrictive sur les candidats. Le but de tous les mouvements de désobéissance civile en cours est de convaincre les députés hongkongais de ne pas voter ce nouveau mode électoral qui doit recueillir les deux tiers des voix au Conseil législatif. Le vote, prévu au printemps 2015, se jouera à quelques voix près.

Jusque-là, la grève avait été un exemple de pacifisme et de discipline. Elle a débuté le 22 septembre par un premier rassemblement à la Chinese University, l'un des principaux campus de Hongkong, auquel 13 000 étudiants ont participé. Alex Chow, président de la fédération des étudiants de Hongkong avait alors annoncé : « Cette grève marque un tournant dans la lutte pour la démocratie ».

ANGOISSE

« Cela fait des années que les Hongkongais réclament qu'on leur donne la démocratie garantie par la constitution. Mais on voit bien que confronter le gouvernement en faisant des beaux défilés puis en rentrant chez soi jusqu'à l'année suivante ne marche pas. Nous devons inventer autre chose », déclarait quelques jours avant Tommy Cheung, un délégué du mouvement.

Depuis mardi, la grève a pris ses quartiers sur l'île même de Hongkong, entre les nouveaux bâtiments du gouvernement. Une université publique s'est mise en place sur la vaste pelouse en pente qui descend vers le Victoria Harbour. Parmi les 400 professeurs d'université qui ont signé un manifeste de soutien aux étudiants, certains sont venus enseigner à qui voulait l'entendre, la liberté, le totalitarisme, la pensée critique, la démocratie, les droits universels du citoyen…

ORANGES POURRIES

L'enthousiasme de ces grands moments collectifs de citoyenneté faisait presque oublier l'angoisse de la jeunesse hongkongaise de se voir confisquer peu à peu ses libertés. A l'exception notoire d'Apple Daily, les médias populaires donnent de moins en mois la parole aux démocrates. « Quand le syndicat des travailleurs sociaux a annoncé qu'il soutiendrait la grève des étudiants, aucun média ne l'a repris », observe le professeur Chen.

Au pied de la passerelle qui donne accès au rassemblement, Jeffrey Lim, un ancien enseignant, distribue des rubans jaunes pliés, signe de ralliement des grévistes et de leurs sympathisants. Il a accroché à la rambarde une passoire bleu vif au fond de laquelle pourrissent trois oranges, couvertes de moisissure. « C'est cela les élections que l'on nous propose. On va tous pouvoir choisir notre orange pourrie préférée ! »

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.