Sarcelles : enquête ouverte après un reportage sur la communauté juive

 

Sarcelles : enquête ouverte après un reportage sur la communauté juive

    Il aura fallu quatre jours pour que l'affaire tombe sous le coup de la justice. Dans un reportage consacré à Sarcelles (Val-d'Oise) et diffusé sur France 2 la semaine dernière, deux mois après les émeutes qui avaient émaillé une manifestation de soutien au peuple palestinien, un témoin tenait face caméra des propos d'une particulière violence.

    Ce lundi, le procureur de Pontoise, Yves Jannier a confié une enquête à la sûreté départementale du Val-d'Oise pour «apologie de crime» et «provocation à la haine et à la violence contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur lieu d'origine, de leur ethnie ou absence d'ethnie, de la nationalité, de la race ou d'une religion». Selon le procureur, il s'agit «manifestement de propos qui sont dirigés contre des personnes de confession juive».

    A quelques centaines de mètres du quartier juif, surnommé la Petite Jérusalem, des individus dont l'identité n'est pas révélée, s'expriment, interrogés sur l'ambiance dans cette ville emblématique de banlieue qui abrite l'une des plus grandes communautés juives d'Europe . «Ils ont raison la jeunesse, c'est ça qu'il faut faire à ces juifs, assure avec aplomb un homme interrogé sur les émeutes. Ils leur font la misère en Palestine, nous on a la rage. Mais moi, j'ai la rage contre les juifs. (...) Ce qu'ils font là-bas en Palestine et bien nous, ici, on fait ça aux juifs. Et si on s'énerve vraiment pour de vrai, c'est grave, on peut les tuer. On les tue si on veut ...»

    Sans se rendre compte de la violence de ses propos, le témoin continue, assumant de s'exprimer à visage découvert. «Ici (à Sarcelles, ndlr), les juifs ne sont pas agressifs, ils sont tranquilles ... Mais il y aurait cinq piges en arrière, j'aurais fait un truc de fou, j'aurais sorti une arme de guerre et je les aurais allumés tous. Tous les juifs... Pour m'exprimer et pour montrer qu'on est énervés...»

    VIDEO. Complément d'enquête, le témoignage à 12 minutes 30

    Abasourdi par de tels propos, le député-maire François Pupponi avait réagi ce week-end, estimant qu'il ne pouvait pas laisser passer un tel discours. «Des propos inacceptables ont été tenus», a jugé l'édile sur son compte Facebook. «Des insultes à caractère antisémite et des appels à la haine et au meurtre ont été proférés par certains individus dans le cadre de ce reportage. Je les condamne avec la plus grande fermeté». «Dès lundi, je saisirai madame la ministre de la Justice afin que des poursuites soient engagées contre ces individus», avait-il prévenu.