Hong Kong : des hommes masqués attaquent les manifestants pro-démocratie

 

Hong Kong : des hommes masqués attaquent les manifestants pro-démocratie

    Des manifestants pro-démocratie ont affronté lundi à Hong Kong, sur le principal site de la protestation, des dizaines d'hommes masqués selon l'AFP, des centaines selon AP. Manifestants et contre-manifestants ont rapidement été séparés par la police.

    Les heurts se sont produits au milieu d'une large avenue occupée, lorsque des hommes déterminés, portant des masques chirurgicaux pour ne pas être identifiés, ont tenté de forcer et de démanteler les barricades érigées par les manifestants dans le quartier d'Admiralty, où sont concentrés les ministères.

    Deux assaillants ont été plaqués au sol par des policiers qui ont aussi formé un cordon pour contenir les autres, conspués par les manifestants aux cris de «Arrêtez les triades», en référence aux hommes de main de la mafia chinoise soupçonnés d'avoir provoqué des violences sur les sites occupés. La télévision, qui émet en direct, a montré les images d'un homme contraint par les policiers de lâcher un petit couteau à cran d'arrêt.

    La police de Hong Kong avait commencé tôt lundi matin à enlever les barricades, après que le chef du gouvernement local eut réduit à néant leurs espoirs d'obtenir gain de cause.

    Critiquées pour avoir fait usage de gaz lacrymogène face à des manifestants jeunes et pacifiques le soir du dimanche 28 septembre, les forces de l'ordre se faisaient depuis très discrètes. Elles ont, semble-t-il, profité lundi matin du fait que les manifestants étaient peu nombreux sur les sites bloqués pour agir.

    Les policiers ont ainsi commencé à démanteler les barricades aux abords du principal site des manifestations, le quartier Admiralty et une caserne de l'armée chinoise, ainsi qu'à Mongkok, grand quartier commercial sur la partie continentale de Hong Kong, selon des journalistes de l'AFP.

    «Ne pas faire obstruction»

    Un communiqué de la police relayé par mégaphones sur les sites avait appelé les protestataires à «ne pas faire obstruction (...), à enlever sans délai les obstacles bloquant les routes et à partir dans l'ordre et le calme». Les policiers ne portaient pas leurs équipements antiémeute. Le chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, avait indiqué que si le gouvernement entreprenait de dégager les sites occupés, la police ne «ferait qu'un emploi limité de la force».

    VIDEO. Hong Kong : les policiers ont commencé à démanteler les barricades lundi

    Certains manifestants répondaient aux mouvements des forces de l'ordre en agitant des parapluies, un accessoire indispensable à Hong Kong pour se protéger du soleil ou de la pluie, et devenu l'emblème de ces manifestations. «Je suis en colère parce que (...) la police ne (devrait pas être) notre ennemie mais notre alliée», lançait Kim Kwan, une étudiante de 21 ans.

    «Nous n'allons rien faire contre la police (...) nous voulons juste tenir nos postes avancés», assurait Annabel Wong. «C'est la dernière ligne de défense du peuple près des bâtiments du gouvernement. Je suis prête à me faire arrêter», a lancé cette étudiante de 22 ans.

    Malgré les nombreuses injonctions des autorités de se disperser, les manifestants se sont installés dans la durée, en montant des tentes, des douches mobiles ou encore en organisant des soirées de débats, attirant des milliers de personnes ces derniers jours.

    Aucune chance de convaincre Pékin

    Dimanche, Leung Chun-ying, considéré comme une marionnette de Pékin par les manifestants, a déclaré à la télévision qu'ils n'avaient «presque aucune chance» d'infléchir la position de la Chine, les exhortant une fois de plus à rentrer chez eux.

    «Si la condition pour obtenir le suffrage universel en 2017 est de s'essuyer les pieds sur la loi fondamentale (Constitution, NLDR) et la décision prise par le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire, nous savons tous qu'ils n'ont presque aucune chance» d'y parvenir, a-t-il dit.

    Une amorce de dialogue entre les organisations étudiantes et le gouvernement a échoué la semaine dernière, aggravant l'impasse et les risques de dérapage alors que des syndicats de chauffeurs routiers ont menacé de dégager les avenues bloquées avant la fin de la semaine.

    VIDEO. Hong Kong : des heurts entre police et manifestants, le samedi 4 octobre

    Le ras-le-bol de nombreux Hongkongais

    Les manifestants, dont une majorité d'étudiants, occupent plusieurs quartiers et artères stratégiques de l'ancienne colonie britannique, plongée dans sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

    Bravant la tutelle chinoise, ils exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC), craignant une contagion revendicative sur son territoire, entend garder la haute main sur le processus électoral. En août, le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP, le parlement) a entériné le principe «un vote, une voix» tout en conservant le contrôle des candidatures au scrutin.

    Les blocages en place depuis le 28 septembre ont fortement perturbé l'activité à Hong Kong et la vie quotidienne des plus de sept millions d'habitants de ce territoire semi-autonome enclavé à l'extrême sud de la Chine. Rideaux de fer baissés, bus et tramways au dépôt, écoles, bureaux et administrations fermés : la ras-le-bol de nombreux Honkgongais montait ces derniers jours et des heurts sporadiques mais violents ont opposé manifestants et contre-manifestants.