Le groupe de recherche Gloria, dont le siège est à Tel-Aviv, a publié le 12 octobre un rapport selon lequel l’organisation Etat islamique (EI) semble avoir utilisé des armes chimiques en Syrie, rapporte le site d’info israélien Ynet. “D’après l’étude, il semblerait que l’utilisation d’armes chimiques ait commencé en juillet, au début des affrontements entre les forces kurdes et l’EI, près de Kobané, en Syrie. Le rapport précise qu’au moins trois combattants kurdes sont morts à la suite d’une attaque chimique”, détaille le site.

Pour en venir à cette hypothèse, le chercheur Jonathan Spyer, qui a dirigé l’étude, s’est appuyé sur des photos montrant les cadavres de combattants kurdes après l’affrontement du 12 juillet dans le village d’Adviko. Une équipe médicale mobilisée par le ministre de la Santé de l’autorité kurde avait dans un premier temps observé que les cadavres de trois combattants kurdes ne comportaient aucune trace de balles ou de sang.

Traces de brûlure et taches blanches

Jonathan Spyer a eu accès aux photos des cadavres de ces combattants. Il a choisi de les diffuser en même temps que son rapport sur le site de Gloria. “Ils ont sur la peau des traces de brûlure et des taches blanches qui, pour les experts, peuvent indiquer l’utilisation d’un agent chimique comme le gaz moutarde”, précise le chercheur, avant de conclure : “On ne peut pas tirer de conclusions définitives sans mener une enquête plus approfondie.”

De son côté, The New York Times a publié le 15 octobre une grande enquête sur l’existence d’armes chimiques en Irak datant de l’ère Saddam Hussein et en particulier de la guerre Iran-Irak [1980-1988]. Le quotidien new-yorkais révèle notamment que des soldats américains et des soldats irakiens ont été exposés à ces armes entre 2004 et 2011, et que le Pentagone leur a demandé de garder le secret. “Au total, les troupes américaines ont fait état, dans le plus grand secret, de la découverte d’environ 5 000 ogives, obus et bombes aériennes contenant des armes chimiques”, écrit le journal.

Dans son éditorial du jour, le New York Times dénonce la volonté du Pentagone d’étouffer l’affaire et met en garde le gouvernement américain de l’usage qui pourrait être fait de cet arsenal chimique, notamment par l’EI. “Les autorités américaines affirment pour l’instant qu’il est peu probable que des combattants de l’EI utilisent ce stock d’armes chimiques, mais les deux experts en contrôle de l’armement Joseph Cirincione et Paul Walker ont suggéré sur le site Internet Defense One consacré aux questions de sécurité nationale que l’EI aurait utilisé ces armes pour tuer des combattants kurdes à Kobané”, conclut le New York Times.