MALADIEPsychose: Si vous avez de la fièvre, c’est sûrement la grippe et pas Ebola

Psychose: Si vous avez de la fièvre, c’est sûrement la grippe et pas Ebola

MALADIELes médecins s’apprêtent à jouer au jeu des sept erreurs face aux patients anxieux…
Illustration du matériel médical d'un médecin généraliste.
Illustration du matériel médical d'un médecin généraliste. - VALINCO/SIPA
Romain Scotto

Romain Scotto

Entre patient et médecin, c’est devenu l’objet d’une petite plaisanterie. «Je n’ai pas Ebola au moins, docteur?» Non Monsieur, ne vous inquiétez pas, c’est juste un début de grippe. Jean-Paul Hamon, généraliste à Clamart, a déjà eu droit à ce type d’échange faussement anxiogène. Mais sur le fond, pas totalement dénué de sens puisque le ministère de la Santé reconnaît dans ses directives que dans la forme habituelle, la maladie d’Ebola «débute brutalement par un syndrome pseudo-grippal.»

Dans les trois premiers jours, il est donc impossible de différencier les symptômes d’une grippe d’un cas d’Ebola. «C’est la rhinite, les courbatures, la fièvre, les maux de tête», glisse le généraliste, qui met vite fin à la psychose en demandant au patient s’il a déjà mis un pied en Guinée, au Liberia ou en Sierra Leone, les trois pays touchés par le virus (hors cas d'importation). En cas de réponse négative, il peut poser avec certitude son diagnostic; il ne s’agit pas d’Ebola.

Altération générale de l'état du malade

Alors que la campagne de vaccination de la grippe saisonnière a été lancée jeudi par le ministère, la confusion règne parfois. Pour lever définitivement le doute, les malades peuvent aussi vérifier que certains symptômes complémentaires n’apparaissent pas. A la différence de la grippe Ebola se caractérise, après quatre jours, par l’apparition de signes cliniques cutanéo-muqueux (conjonctivite, exanthème, dysphagie) et digestifs (diarrhée, vomissements). Le malade subit ensuite une altération générale de son état (asthénie), jusqu’à la phase terminale de la maladie marquée par des signes neurologiques d’encéphalite (obnubilation, coma, agitation, épilepsie) et des hémorragies.

Le ministère complète son tableau symptomatique par l’observation «plus inconstante de hoquet, paresthésies, acouphènes, pancréatite ou douleur thoracique». Concernant la contamination, Ebola se transmet par contact direct avec les fluides corporels (sang, tissus, salive, selles, vomissements, urine, sueurs…) alors qu’une transmission aérienne suffit pour attraper la grippe.

Reste que certains cas peuvent tout de même être problématiques. Alors que les contrôles de température seront mis en place à Roissy dès samedi à l’arrivée des vols en provenance de Conakry (Guinée), les autorités sanitaires craignent quelques «faux positifs.» Des patients ayant plus de 38 degrés de fièvre, mais n'étant pas contaminés par Ebola. «Ils développeraient une fièvre pendant le vol, précise Benoît Vallet, de la direction générale de la Santé. Certaines de ces fièvres sont rapidement éludées en termes d’inquiétude car ces personnes n’ont pas eu de contact avec des cas possibles (d’Ebola). Ça peut être lié à une grippe comme de nombreuses pathologies qui donnent de la fièvre.» D’où l’importance de l’interrogatoire, le suivi du patient suspect, à travers le questionnaire de traçabilité rempli dans l’avion.