Le député et maire Les Républicains (LR) de Levallois-Perret, Patrick Balkany a été mis en examen, mardi 21 octobre, pour « blanchiment de fraude fiscale », « corruption » et « blanchiment de corruption ». Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon disposent de documents précis pointant la responsabilité de ce très proche de Nicolas Sarkozy dans l’organisation d’un système d’évasion fiscale.
Le Monde a ainsi eu accès à trois notes, datées des 2 mai, 9 juillet et 27 septembre, émanant de Tracfin, l’organisme anti-blanchiment de Bercy. Elles évoquent un « schéma sophistiqué de fraude » et détaillent le train de vie faramineux du parlementaire et l’écheveau de sociétés écrans et comptes offshore derrière lesquels se cachent M. Balkany et son épouse Isabelle.
Le cabinet d’avocats « Claude et Sarkozy », dans lequel est associé l’ex-chef de l’Etat, paraît avoir prêté son concours juridique à ce montage illégal. Les magistrats détiennent également plusieurs témoignages, dont celui de l’industriel George Forrest, révélant les pratiques suspectes de M. Balkany en Afrique, durant la période 2007-2012.
« Balkany a noté le numéro du compte sur un bout de papier »
M. Forrest a permis aux juges d’instruction de mieux comprendre l’origine des fonds alimentant les divers comptes attribués au couple Balkany. Le 18 septembre, il confie au juge Van Ruymbeke, à qui il remet plusieurs documents :
« En septembre 2008, [M. Balkany] m’a appelé en me disant qu’il avait une affaire intéressante à m’apporter. Comme il voyait que je voulais investir dans l’uranium, il nous a apporté une affaire Forsys Metals corporation en Namibie. M. Balkany a obtenu de ce gouvernement qu’il ne s’oppose pas à la transaction. J’ai racheté Forsys pour 500 millions de dollars [environ 390 millions d’euros]. Comme M. Balkany m’avait apporté l’affaire et que tout commissionnaire reçoit une commission, j’ai négocié avec M. Balkany à 1 %. On a arrondi à 5 millions de dollars. »
L’industriel explique ensuite avoir effectué deux virements, les 22 et 29 juin 2009, sur un compte numéroté ouvert par la société Himola à la Commerzbank de Singapour – fermé puis remplacé par un autre compte, à la Standard Chartered Bank, toujours à Singapour, en 2010.
Ce fameux compte, les juges l’avaient déjà découvert dans les trois notes Tracfin relatives au patrimoine de la famille Balkany et de ses proches. Avec les mêmes versements, aux mêmes dates. Mais ils ne savaient pas d’où provenaient les fonds l’alimentant. « Qui vous a remis le numéro du compte d’Himola à Singapour ? », interroge le juge. « M. Balkany lui-même, se souvient l’homme d’affaires. Il me l’a noté sur un bout de papier. C’était à Levallois. Cela se passait dans son bureau à la mairie. »
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