La dernière bourde du gouvernement

 

La dernière bourde du gouvernement

    C'est une conversion inattendue : les socialistes ont inscrit la Toussaint à leur calendrier. La raison est plus prosaïque que spirituelle. Il s'agit de rattraper une bourde dont la conséquence serait de provoquer une élection législative partielle dans la 4 e circonscription du Doubs, celle de Pierre Moscovici.

    Pour permettre à l'ancien ministre de l'Economie, redevenu député à sa sortie du gouvernement, de partir à Bruxelles comme commissaire sans avoir à organiser une nouvelle élection, le gouvernement lui avait confié une mission sur « la place de la France en Europe ». Ce procédé souvent utilisé par l'exécutif permet à un député d'être automatiquement remplacé par son suppléant au bout de six mois.

    Peur que le FN l'emporte, s'il y a une partielle

    L'erreur, c'est que la mission de Moscovici n'a officiellement démarré que le 5 mai. Pour que le brillant scénario imaginé par Paris fonctionne, il faudrait donc que la nouvelle Commission de Bruxelles ne prenne ses fonctions que le 6 novembre, soit six mois et un jour après le 5 mai. Or, la nouvelle équipe de Jean-Claude Juncker n'a pas pris de retard et devrait se mettre en place comme prévu le 1er novembre. D'où la panique des socialistes.

    « S'il y a une partielle dans le Doubs, on est sûr de la perdre puisque Mosco n'était passé en 2012 qu'à la faveur d'une triangulaire avec le FN et que, depuis, nous avons perdu Montbéliard et la communauté urbaine au profit de l'UMP », se désole un hiérarque socialiste. Pis, il n'est pas exclu que le FN rafle la mise.

    Conséquence, le groupe PS à l'Assemblée ne compterait plus que 288 sièges alors que la majorité absolue est de 289. Certes, depuis la dissidence des frondeurs, le gouvernement a pris l'habitude de faire passer ses textes avec l'appui des radicaux de gauche et des écologistes. Il n'empêche, perdre la majorité sur une grossière erreur de date relancerait le procès en amateurisme de l'exécutif. Voilà pourquoi Paris prie pour faire passer l'idée auprès de ses partenaires européens qu'en raison des vacances de la Toussaint il serait préférable que le mandat de la Commission de Bruxelles ne démarre qu'après... le 6 novembre. Mais une telle décision relèverait du miracle.