CONSTAT. On sait déjà que le tabagisme passif est associé à une multitude de problèmes de santé, comme des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Dans une étude publiée dans le British Medical Journal, des scientifiques vont plus loin en formulant une conclusion très imagée : partager le domicile d'un fumeur est plus nocif pour ses poumons que vivre dans une ville très polluée comme Pékin ou New York.
Le tabagisme passif expose à des niveaux de particules 3 fois plus importants que larecommandation de l'OMS
FOYERS. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé la concentration de l'air en particules fines en suspension (PM 2,5) dans 110 foyers en Écosse. Parmi ces foyers, 93 étaient fumeurs (au moins un fumeur y résidait) et il était autorisé de fumer dans toutes les pièces.
Verdict : dans les foyers fumeurs, la concentration en PM 2,5 était en moyenne de 31 microgrammes par mètre cube (abrégé μg/m3), contre seulement 3 μg/m3 chez les non-fumeurs.
Dans les foyers fumeurs, les non-fumeurs sont exposés à des niveaux de particules fines 3 fois plus importants que ceux recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 10 μg/m3 pour les PM 2,5.
RÉGLEMENTATION. Pour les PM 2,5, il n’y a pas de réglementation, précise l'Association Nationale pour la Prévention et l'Amélioration de la Qualité de l'Air sur son site web. L’Union européenne a fixé son objectif de qualité à 20 μg/m3 en moyenne sur l’année. Le Grenelle de l’environnement souhaitait arriver à 15 μg/m3. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande, elle, une valeur de 10 μg/m3.
Ainsi, sur une vie de 80 ans, une personne non fumeuse habitant avec un fumeur inhalera un total de 5,82 grammes de particules fines, contre seulement 0,76 gramme dans une maison sans tabac.
Les particules fines pénètrent en profondeur dans les poumons
TAILLE. Les particules en suspension (notées "PM" en anglais pour "Particulate matter") sont d’une manière générale les fines particules solides portées par l’eau ou solides et/ou liquides portées par l’air. On en distingue de deux sortes, suivant leur taille : les PM 2,5, mesurant 2,5 μm de diamètre, et les PM 10, de 10 μm de diamètre (voir schéma ci-dessous).
Repère de taille des particules PM10 et PM2,5. © Airparif
SANTÉ. Les particules fines pénètrent en profondeur dans les poumons, explique l'Association Nationale pour la Prévention et l'Amélioration
de la Qualité de l'Air. Elles peuvent être à l’origine d’inflammations, et de l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires. De plus, elles peuvent transporter des composés cancérigènes absorbés sur leur surface jusque dans les poumons.
Ci-dessous, l'infographie de Sciences et Avenir montre comment les particules fines pénètrent l'organisme et passent des poumons au système sanguin.
Infographie Damien Hypolite/ Sciences et Avenir
RECOMMANDATION. Les chercheurs conseillent donc simplement aux fumeurs de cesser leur consommation de tabac à l'intérieur de leur foyer. "La plupart des non-fumeurs inhaleront ainsi plus de 70 % de particules PM 2,5 en moins, concluent-ils. Cette diminution est bénéfique en particulier pour les enfants et les personnes les plus âgées qui passent plus de temps à leur domicile."