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Délinquance : Sarkozy récidive avec les détournements de chiffres

En affirmant, comme en 2007 et en 2012, que 5 % des délinquants font 50 % de la délinquance, l'ancien président, en meeting à Marseille mardi, a tordu les conclusions d'une étude datant de 2001.

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Publié le 29 octobre 2014 à 16h25, modifié le 29 octobre 2014 à 16h34

Temps de Lecture 2 min.

Comme en 2007 et en 2012, l'ancien chef de l'Etat a largement tordu les conclusions d'une étude datant de 2001 et qui portait sur une partie de la jeunesse.

C'est un chiffre que le ministre de l'intérieur d'alors, président de la République d'ensuite et actuel candidat de l'UMP aime répéter à l'envi pour appuyer ses argument en faveur d'une fermeté accrue en matière de récidive. Lors de son meeting à Marseille pour la présidence de l'UMP, mardi 28 octobre, Nicolas Sarkozy a affirmé que la moitié des faits de délinquance étaient réalisés par un même petit nombre de personnes.

Ce qu'il a dit

« 5 % des délinquants font 50 % de la délinquance. »

Pourquoi c'est faux

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Disons-le tout de suite : un tel chiffre n'existe pas dans les statistiques de la délinquance. Nicolas Sarkozy fonde son argumentation sur une étude sociologique datant de... 2001, reprise dans un rapport du Sénat en 2002.

Sebastian Roché, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avait interrogé, de manière anonyme, 2 300 jeunes de 13 à 19 ans dans les agglomérations de Saint-Etienne et de Grenoble. Il en était ressorti que 74 % des jeunes interrogés reconnaissaient avoir commis un acte de délinquance (dégradation, fraude dans les transports en commun, vol, agression, trafic, etc.). Parmi eux, 5 % commettaient 68,5 % des actes (48 % des petits délits, 86 % des délits plus graves et 95 % du trafic).

Le chercheur a été entendu par la commission d'enquête sur la délinquance des mineurs, dont le rapport a été publié en juin 2002. Il y est mentionné que Sebastian Roché évoque la « théorie des 5 % », le rapport concluant que « 5 % des jeunes commettent 60 à 85 % des infractions ».

Ce chiffre est déjà aléatoire. Comme l'avait calculé le journal Libération dans un article en 2012, pendant la campagne présidentielle au cours de laquelle Nicolas Sarkozy avait affirmé la même théorie qu'à Marseille le 28 octobre, 5 % des jeunes interrogés les plus « actifs » ont commis 9 255 actes de délinquance sur 20 671, soit environ 45 %.

Extrapolation

Mais surtout, après la première mention de ce chiffre par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne de 2007, Sebastian Roché lui-même l'a réaffirmé au Monde en 2007, la conclusion des 5 % s'appliquait « à une classe d'âge [13-19 ans] et non [aux] délinquants qui ont déjà commis un délit ». Une nuance pour le moins importante.

28,3 % Le candidat de l'UMP relève toutefois un sujet qui n'est pas anodin : une partie des délinquants a effectivement déjà été condamnée par le passé. C'est ce que mesure le « taux de réitération », donné chaque année par le ministère de la justice – qui ne prend en compte que les condamnations connues lors des cinq années précédentes pour les auteurs de délits (et non de crimes). En 2012, derniers chiffres disponibles, 28,3 % des auteurs de délits avaient déjà été condamnés au cours des cinq années précédentes ; 5,7 % des criminels (condamnés pour homicides volontaires, crimes sexuels ou vols criminels) étaient en état de récidive légale.

Ces chiffres sont encore incomplets, n'intégrant pas, notamment, les nombreuses affaires où l'auteur du crime ou du délit n'a pas été retrouvé. En 2012, le taux d'élucidation était ainsi de 70 % pour les atteintes à l'intégrité physique, 48 % pour les escroqueries et… 14 % pour les atteintes aux biens. Mais rien ne permet de dire que 50 % des faits de délinquance sont commis par 5 % des délinquants.

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