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Route du rhum : 87 hommes... et 4 navigatrices

Quatre femmes se lancent dans la transatlantique. Un chiffre qui laisse perplexe après la victoire romanesque de Florence Arthaud en 1990. Explications des quatre actrices.

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Publié le 30 octobre 2014 à 11h25, modifié le 04 novembre 2014 à 15h06

Temps de Lecture 4 min.

De gauche à droite : Anne Caseneuve, Juliette Pêtrès, Miranda Merron et Phillippa Hutton Squire.

Quatre femmes, sur une flotte de 91 bateaux prendront le départ de la 10e Route du rhum, dimanche 2 novembre, à Saint-Malo. Une bien maigre statistique (3,64 %) qui ne doit pas cacher un fait : c'est l'une des éditions les plus féminines de l'histoire de l'épreuve depuis sa création, en 1978. Le record avait été atteint en 2006 avec... cinq navigatrices. Leur nom : Anne Caseneuve (Aneo, Classe rhum), Juliette Pêtrès (Eau et Patrimoine, Class40), Miranda Merron (Campagne de France, Class40) et Phillippa Hutton Squire (Swish, Class40).

Prises dans les dernières préparations ou dans une ultime recherche de sponsors, les quatre skippeuses ne s'étaient encore jamais réunies avant notre entretien. Mais la direction du rhum compte bien les réunir de nouveau à l'occasion d'une conférence de presse pour faire parler de cet événement, qui devrait être un non-événement si le monde de la course au large s'essayait à la parité. Désertion, frilosité des sponsors ou absence de structures pour former les femmes à la course au large ?

« C'est délicat comme question, convient Anne Caseneuve, la doyenne du club des quatre, qui compte quatre départs de rhum, pour trois arrivées. Déjà, en 1998, on n'était que trois filles. Je ne sais pas si c'est les sponsors ou les filles qui ne sont pas assez motivées. Il y a eu la référence Florence Arthaud [victoire en 1990 à bord de Pierre 1erl y a eu la référence Florence Arthaud [victoire en 1990 à bord de »

Juliette Pêtrès.

« TOUTES LES FILLES PEUVENT Y ARRIVER »

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Autre grief d'Anne Caseneuve, l'absence, jusqu'à récemment, de formation en multicoques pour les femmes. « Jl y a eu la référence Florence Arthaud [victoire en 1990 à bord de usqu'à l'arrivée du Nacra 17 olympique (catamaran double mixte), il n'y avait pas de place pour les filles dans la compétition de haut niveau. Il n'y en avait que pour les garçons. D'où peut-être leur absence aujourd'hui dans la classe des Muli50 (multicoques de 50 pieds) ou en Ultime (multicoques de plus de 60 pieds). »

A 32 ans, Juliette Pêtrès n'a pas connu la génération marquée par les exploits de la « Fiancé de la mer » ou par le tube « Flo » de Pierre Bachelet (1990), encore très années 1980 pour le début des années 1990. La voile l'a arrachée de sa Touraine natale après une révélation en Méditerrannée. La protégée de Bertrand de Broc a embrassé une carrière de skippeuse il y a deux ans à peine et a décroché ses derniers contrats sponsoring à la dernière minute. Et, pour elle, le fait d'être une femme l'a plutôt aidée dans sa quête de sponsors :

« Le côté fille, ex-véto qui fait de la voile, je crois que mes sponsors ont plutôt aimé. En revanche, il ne faut pas se cacher : la voile est un sport masculin. Les bateaux sont des grosses machines. Et, comme dans les sports mécaniques, il y a rarement des filles. Mais toutes les filles peuvent y arriver. Ce n'est pas physiquement impossible. »

Phillippa Hutton Squire sur son

Probablement l'une des concurrents les plus aguerris des Class40, Miranda Merron, qui affrontera son mari, Halvard Mabire (Campagne 2 France) sur l'eau, trouve dommage et dommageable qu'une cinquième skippeuse n'ait pu les rejoindre. La faute aussi, selon la franco-britannique, au triptyque classique de nos sociétés modernes couple-enfant-boulot, ne laissant que peu de place pour des projets hors norme : « La course au large n'est pas quelque chose qu'on débute à 20 ans. Il faut un peu de maturité. Mais, à 30 ans, les femmes ont plusieurs raisons de ne pas s'y mettre : des enfants, un mari qui ne veut pas qu'elles partent en solitaire, probablement un bon boulot qu'elles ne veulent pas quitter... »

« Il fallait voir le nombre de questions posées à Samantha Davies, avant qu'elle parte sur le Vendée Globe, sur la responsabilité vis-à-vis de ses enfants », enchaîne Juliette Pêtrès. « On ne demande pas la même chose à Kito de Pavant, qui a quatre enfants. l y a eu la référence Florence Arthaud [victoire en 1990 à bord de »

Anne Caseneuve, sur

« BIEN SÛR QUE ÇA ME FAIT PLAISIR DE LES DÉPASSER ! »

Des contre-exemples existent pourtant. SCA Team, un équipage 100 % féminin, engagé sur la Volvo Ocean Race fait l'unanimité. « C'est un super projet qui peut montrer l'exemple pour les générations futures », espère Phillippa Hutton Squire, qui, forte d'être la première skippeuse sud-africaine (homme-femme confondus) à participer à la Route du rhum, sera également la première Sud-Africaine à traverser l'Atlantique.

« Je trouve que c'est super, ce qu'elles ont fait. Montrer que les femmes puissent intégrer l'élite de la course au large est vraiment porteur », s'enthousiasme Juliette Pêtrès. « Il faut seulement rappeler que SCA Tean a engagé toute une équipe de puércultrices pour s'assurer la garde des enfants », note Miranda Merron.

Concernant la guerre des roses sur l'eau, main sur le cœur, elles avouent ne pas vouloir forcément battre les hommes pour battre des hommes. Mis à part Phillippa : « Bien sûr que ça me fait plaisir de les dépasser ! », lâche-t-elle spontanément. Et je pense que ça les embête aussi quand on les bat. Mais la voile est un des rares sports, avec l'équitation, où femmes et hommes se battent avec les mêmes armes. C'est bien là toute la beauté de notre sport : l'égalité. Il faudrait juste qu'il y en ait plus. »

Miranda Merron sur
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