Publicité

A Tokyo, Paul Krugman dénonce l’irrésistible « japanification » de l’Europe

Les pays de la zone euro n’ont rien appris de la crise qui frappe le Japon depuis les années 1990.

0203906845594_web.jpg
Nobel Prize-winning economist Paul Krugman speaks at the Challenges of Job-Rich and Inclusive Growth - Session 2: Public debt, public investment, and growth talk at George Washington University in Washington on October 8, 2014 at the start of the annual IMF/World Bank meetings. AFP PHOTO/Nicholas KAMM

Par Yann Rousseau

Publié le 2 nov. 2014 à 16:53

De passage à Tokyo, ce week-end, l’économiste Paul Krugman, a officiellement demandé pardon aux élites économiques et politiques japonaises, dont il avait fustigé tout au long des années 1990 et 2000 les politiques monétaires et fiscales, et notamment leur incapacité à lutter contre la déflation.

« Je dois faire mes excuses. Ils n’ont pas toujours bien répondu à la crise. Mais l’Occident fait maintenant bien pire », a expliqué, vendredi, à l’occasion d’un séminaire organisé par Hitachi, le prix Nobel d’économie 2008, qui s’inquiète particulièrement de la périlleuse « japanification » de l’Europe. « Les politiques de la zone euro sont plus mauvaises et vont créer beaucoup plus de misère », assène-t-il.

Pointant le recul des prix de l’immobilier dans la zone euro, la baisse de sa population active depuis 2009, son obsession du désendettement, l’irrésistible écroulement de ses taux de croissance, Paul Krugman explique que les grands pays européens, et dans une moindre mesure les Etats-Unis, vivent une crise similaire à celle qui a déprimé, pendant 20 ans, le Japon après l’éclatement de ses bulles immobilières et boursières au tout début des années 1990. « L’Europe dans son ensemble n’est pas encore totalement en déflation, mais elle suit exactement les pas du Japon dans cette direction. Il sera désormais très difficile d’empêcher la chute dans ce piège », regrette l’économiste, qui s’offusque de constater que « l’Occident n’a rien appris des erreurs de gouvernance japonaises ».

Après l’éclatement des bulles, Tokyo avait bien, un temps, compris qu’il fallait doper ses dépenses publiques pour compenser la dépression du secteur privé, mais il avait stoppé cet effort dès 1996 et avait même cru pouvoir augmenter le taux de TVA l’année suivante alors que le pays n’était pas encore prêt à un tel choc. L’Archipel avait alors replongé dans la récession. Au même moment, la Banque du Japon avait semblé bien timorée dans sa réponse à la déflation qui déprime les entreprises.

Publicité

« Quelque chose d’incroyablement inadapté »

« Toutefois, elle n’a jamais fait quelque chose d’aussi incroyablement inadaptée que la BCE qui, en 2011, a décidé d’augmenter ses taux d’intérêt », s’emporte l’analyste, qui dénonce aussi les « brutales politiques d’austérité » mises en place dans plusieurs pays de l’Union, à un moment où seule la dépense publique, conjuguée à des politiques monétaires audacieuses, aurait pu, selon lui, sauver l’activité et enrayer la spirale déflationniste.

« L’Europe va dès lors aller mal pendant de longues années », prédit Paul Krugman.

Yann Rousseau (à Tokyo)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité