La communication entre le robot Philae, qui s'est posé mercredi 12 novembre sur la comète « Tchouri », et la sonde Rosetta « est restée intacte », même si le module a « un pied en l'air » et « deux pieds sur le sol », a indiqué jeudi 13 novembre Stephan Ulamec, responsable de Philae au Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatiale (DLR Deutsches Zentrum für Luft und Raumfahrt).
Plus tôt, Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta au Centre national d'études spatiales (CNES), à Toulouse, avait dit que le robot était « sans doute sur une pente fortement inclinée ». Mais au vu des photos qu'il envoie, le module « semble entouré de falaises » et donc « assez bloqué ».
« Nous pouvons lui envoyer des commandes et il nous envoie des données. (...) Tous les instruments scientifiques à qui on avait donné l'ordre de travailler cette nuit [soit huit sur dix] ont fonctionné correctement ».
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Les clichés pris par le robot révèlent également qu'il se trouve dans un endroit peu ensoleillé, ce qui risque de lui poser problème pour la recharge de ses batteries. En effet, la pile, qui doit « durer cinquante à cinquante-cinq heures », « fonctionne bien et lui fournit de l'énergie », a précisé Philippe Gaudon, mais quand elle sera épuisée, il est prévu que les panneaux solaires de Philae prennent le relais pour alimenter des batteries rechargeables.
L'Agence spatiale européenne précise que pour se déloger de l'endroit où Philae se trouve, le module a « juste besoin de rebondir une fois de plus », ce qui serait possible en activant l'équipement d'atterrissage du robot. Une manipulation qui n'est cependant pas envisagée pour l'instant, car elle est trop délicate étant donné la position de Philae.
ZONE D'OMBRE
Les scientifiques ont également donné des détails sur la manière dont le robot s'est posé sur la comète mercredi. Après son atterrissage, Philae a en effet effectué un premier rebond, car les harpons censés lui permettre de s'ancrer à la surface de la comète n'ont pas fonctionné. Philae s'est ensuite reposé, avant d'observer un nouveau rebond, plus petit cette fois.
« Les données de l'atterrissage nous montrent deux bonds : le premier a duré près d'une heure et le robot a sans doute fait un bond d'un kilomètre de haut », a précisé Stephan Ulamec. [soit huit sur dix]
FORAGES REPOUSSÉS
Largué de la sonde européenne Rosetta, Philae s'est posé avec succès sur 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, « Tchouri », au terme d'une chute libre de sept heures. Etant donné qu'il n'est pas parfaitement amarré à la comète pour le moment, l'équipe scientifique a décidé que les deux forages que Philae devait effectuer ne débuteraient pas dès ce soir. « On ne les a pas encore annulés, mais cela paraît difficile tant qu'on n'est pas harponné [...], sinon l'atterrisseur risque de se soulever », a expliqué Philippe Gaudon.
« Notre priorité est de continuer à faire des analyses scientifiques sans rien bouger », a-t-il continué. Le robot va radiographier l'intérieur de la comète, étudier son magnétisme, faire des images du sol, analyser les molécules complexes dégagées par la surface.
La mission du robot est notamment de trouver sur le noyau de la comète des molécules organiques qui auraient pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur Terre, les comètes étant les objets les plus primitifs du Système solaire.
Au mieux, il est prévu que Philae fonctionne jusqu'en mars. Au-delà, il est de toute façon condamné à mourir de chaleur, lorsque la comète se rapprochera du Soleil. Mais la mission « Rosetta », sera loin d'être terminée. La sonde, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km dans l'espace, poursuivra son escorte de « Tchouri » au moins jusqu'au 13 août 2015. C'est à cette date que la comète passera au plus près de l'astre.
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