Fin de vie : 78 % des Français refusent l'acharnement pour leurs proches

C'est un sujet délicat et douloureux qui questionne chacun d'entre nous. Un sondage que nous révélons montre que le débat continue, encore et toujours.

Fin de vie : 78 % des Français refusent l'acharnement pour leurs proches

    Mourir sans souffrir. Jusqu'où chacun d'entre nous est-il prêt à aller pour s'assurer qu'au seuil de l'inéluctable le départ soit le moins long et douloureux possible ? Cette question, les téléspectateurs de « Zone interdite » (M 6), qui diffuse ce soir à une heure de grande écoute une poignante enquête sur le droit de mourir et son vécu en France, ne pourront éviter de se la poser. Pour eux-mêmes, pour leurs proches, parents, conjoints... Convictions ancrées ou pas. C'est une chose d'avoir un avis général sur l'euthanasie. C'en est une autre de se voir confronté à de vraies histoires. Encore plus de se trouver un jour au chevet de l'un des siens, et comprendre que la fin s'annonce, devoir faire la part entre sa propre souffrance et la sienne. Et décider.

    C'est ce que dévoile l'enquête réalisée par Harris Interactive* à l'occasion de cette émission et en exclusivité pour « le Parisien » - « Aujourd'hui en France ». Depuis plus d'un an que l'affaire Lambert et les déchirements familiaux autour du sort de cet infirmier de 38 ans, en état végétatif depuis un accident de la circulation en 2008, défraient la chronique, les récents sondages qui interrogent les Français sur leur position par rapport à l'euthanasie semblent relever du plébicite. 90 % en faveur d'une loi qui l'autoriserait, comme en Belgique !

    Près de 8 sur 10 sont en faveur d'une euthanasie passive

    Quand on les renvoie à eux-mêmes, ils sont plus circonspects. A la question : « Si l'un de vos proches se retrouvait dans un état de coma ou d'inconscience prolongée, pensez-vous que vous souhaiteriez plutôt demander l'arrêt ou la continuation des soins ? », ils ne sont en effet « que » 78 % a déclarer qu'ils opteraient pour l'arrêt, tandis que 21 % pencheraient pour le maintien en vie et 1% ne se prononcent pas. Soit près de 8 sur 10 et non plus 9, en faveur d'une « euthanasie passive », moins radicale que l'active. Plus on est âgé, plus on l'envisage : l'option arrêt des soins grimpe en effet jusqu'à 81 % chez les plus de 50 ans et jusqu'à 83 % si l'on habite en zone rurale.

    L'affaire Lambert, survenue quelques mois après que le candidat Hollande a promis une loi qui « garantirait une assistance médicalisée pour que chacun puisse terminer sa vie dans la dignit?, a-t-elle relancé le débat ? Ou seulement révélé qu'il n'a jamais été qu'endormi ? En 2003, c'était le sort d'un autre jeune homme, Vincent Humbert, 22 ans, qui défrayait la chronique. Tétraplégique, aveugle et muet après un accident de la route, il réclamait l'euthanasie. Son appel au président de l'époque, Jacques Chirac, resté vain, sa mère, assistée d'un médecin, l'a aidé à mourir.

    Chaque affaire « particulière » qui resurgit depuis ravive le sujet. Malgré la loi Leonetti, promulguée en 2005 pour encadrer la fin de vie. De l'avis de médecins qui la pratiquent, hors cas très particuliers, cette loi, pour le toilettage de laquelle les députés Leonetti (UMP) et Claeys (PS) doivent remettre un rapport au Premier ministre le mois prochain, suffit. A condition d'être connue pour que l'on puisse s'en prévaloir, face à des soignants qui ne la maîtrisent pas toujours eux-mêmes. Si plus de 7 français sur 10, selon l'enquête, disent qu'ils en ont entendu parler (81 % et 86 % respectivement chez les plus de 50 et 65 ans), 32 % seulement savent précisément de quoi il s'agit.

    * Enquête réalisée en ligne du 12 au 14 novembre, auprès d'un échantillon de 1 497 personnes représentatif des français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas.

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