Gaspillage d'argent, listes douteuses : la face cachée des élections 2012

Plus d'un demi-milliard d'euros : c'est le coût des élections de 2012, selon le ministère de l'Intérieur. Une dérive qui se double d'effets pervers pour la démocratie.

Gaspillage d'argent, listes douteuses : la face cachée des élections 2012

    C'est une première ! Pour la première fois depuis que la République existe, le coût de l'organisation des élections dans le pays, resté largement méconnu jusqu'à présent, a été scruté, analysé et évalué. Selon un rapport encore confidentiel de l'IGA, l'inspection générale de l'administration (qui dépend du ministère de l'Intérieur), que nous avons pu consulter, le coût total de la présidentielle et des législatives de 2012 s'est élevé, pour l'Etat et les communes, à plus de 600 Mâ?¬. Un demi-milliard, dont 70 % à la charge du budget national !

    Etablissement et révision des listes électorales, organisation du vote, prise en charge des campagnes des partis. Ce dernier chapitre a représenté en 2012 les deux tiers des dépenses de l'Etat dans ce domaine, et la « propagande officielle imprimée » (les professions de foi), à elle seule, près de la moitié, soit 203 MEâ?¬. On savait que la démocratie avait un coût, encore fallait-il que ce ne soit pas à n'importe quel prix...

    Or non seulement, souligne le rapport, « le dispositif d'organisation des élections est coûteux » mais il est « d'une efficacité limitée car il ne facilite pas la participation à la vie démocratique ». Absence de fiabilité des listes électorales, délais de révision des listes insoutenables... Une des conclusions de l'IGA laisse pantois : notre système « offre à un nombre significatif d'électeurs la possibilité de voter deux fois » ! Il y en aurait plus de 500 000 à être dans ce cas, soit plus de 1 % du corps électoral.

    Commandée en mars par Manuel Valls alors ministre de l'Intérieur, cette étude ne restera pas sans suite. Le ministère de l'Intérieur a prévu dans son budget 2015 de mettre les feux sur la dématérialisation de l'organisation des élections en supprimant l'envoi des professions de foi par la poste au profit d'Internet.

    Cette mesure, qui aurait permis d'économiser plus de 130 Mâ?¬, vient d'être retoquée par les députés et devrait subir le même sort de la part des sénateurs. Le chemin de la modernisation de l'Etat et de la démocratie est encore long.