Les promoteurs ont le moral en berne : les ventes de logements poursuivent depuis huit trimestres consécutifs leur inexorable chute. Elles sont en baisse de 7,8 % sur les neuf premiers mois de 2014 par apport à la même période un an plus tôt. « A ce rythme, nous aurons vendu 71 000 logements en 2014, contre 110 000 en 2011. Cela représente une perte de 60 000 emplois dans toute la filière », se désole François Payelle, le président de la Fédération des promoteurs lors d’une conférence de presse le 20 novembre.
Deux faits sont préoccupants. Les clients qui achètent un logement pour eux-mêmes, les accédants, sont en fort recul de 13 % au troisième trimestre après – 12 % au deuxième trimestre. Quant à ceux qui voudraient investir dans l’immobilier, leur nombre demeure stable à un faible niveau : on ne les voit pas se ruer vers les bulles de vente, ces bureaux de vente provisoires implantés non loin des chantiers.
La conséquence de ces méventes est que les promoteurs ne lancent pas de nouveaux programmes, ils arrivent à contenir les stocks à 90 000 logements mis en vente, le pire étant de se retrouver avec des immeubles achevés mais invendus. La faiblesse des ventes n’entraîne aucune baisse des prix, lesquels sont stables (3 640 euros le mètre carré en province, 4 650 en Ile-de-France), mais conduit à un gel des projets, ce qui, bien sûr, accentue la panne de la construction. « Va-t-on passer sous les 300 000 mises en chantier, alors que la production avait dépassé 420 000 en 2011 ? s’interroge M. Payelle. Rien que pour satisfaire la demande de nouveaux ménages, il faut édifier 340 000 logements par an. »
Pas une question budgétaire
Le secteur s’impatiente. A l’annonce du plan de relance par Manuel Valls, le 29 août, les professionnels avaient montré un regain d’optimisme. Mais, sur les 50 mesures promises pour la fin de 2014, 50 % sont repoussées, au mieux, pour la fin du premier semestre 2015.
Et ce n’est pas une question budgétaire, la plupart de ces aménagements ne coûtent rien. Qu’il s’agisse de points techniques comme la simplification des normes électriques, l’allégement des règles d’accessibilité ; ou juridiques, comme celle d’accélérer l’instruction des permis de construire, de réduire le nombre de places de parking obligatoires. « Nous demandons que la validité des permis de construire soit provisoirement prolongée d’un an [de deux à trois ans], pour sauver les projets déjà engagés. En 1993, en pleine crise immobilière, cette mesure avait été prise en un mois ! Là, on attend encore le décret ! » s’agace M. Payelle.
Le calendrier est aussi au point mort sur les aspects financiers, le nouveau dispositif Pinel pour les investisseurs, les taux de TVA à 5,5 % élargis aux quartiers prioritaires de la ville ou le régime fiscal des logements locatifs intermédiaires ne sont pas encore en vigueur. « Ce sont de bonnes mesures consensuelles qui pourraient redonner confiance. » On sent du dépit chez le président des promoteurs.
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