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TribuneNucléaire

Face aux drones de La Hague, la ridicule impuissance de l’Etat nucléaire

Le 14 novembre, un drone a une nouvelle fois survolé l’usine de traitement de plutonium de La Hague, mettant en évidence la vulnérabilité des installations nucléaires. Celles-ci seraient des cibles de choix pour un attentat, tant les moyens de surveillance mis en place frôlent le ridicule.


Pendant la visite du ministre de l’Intérieur, venu se « ressourcer » à Cherbourg, le 14 novembre, alors que la ville offrait un concert de la Garde Républicaine aux Cherbourgeois, l’usine de retraitement-extraction de plutonium de la Hague a été une nouvelle fois survolée par un drone.

Les auteurs de ce survol, heureusement pacifique, ont mis en évidence, une fois de plus, la vulnérabilité des installations nucléaires de base (INB) et le ridicule des moyens de surveillance et de défense. Inutile pour des « fous de Dieu » et des terroristes de posséder la bombe : les INB sont des cibles.

En 2001, après le 11 septembre, la population s’est inquiétée du survol du Nord Cotentin par des avions de ligne, lourdement chargés en kérosène, vers les Etats-Unis. Des radars ont alors été basés à Flottemanville-Hague, entre l’arsenal de Cherbourg, la centrale nucléaire de Flamanville et l’usine d’extraction de plutonium d’Areva-La Hague.

Un camion lance-missiles se déplaçait au nord-ouest du Cotentin pour contrer toute tentative d’attentat venu des airs. Puis, sa présence se révélant incompatible avec le développement du tourisme, le camion disparut et les radars furent déplacés sur le petit aérodrome de Maupertus, à l’est de Cherbourg. Moyen de défense envisagé : intervention d’avions de chasse depuis Rennes. Ridicule : à sa vitesse, un avion de ligne qui se détourne a grandement le temps de s’en prendre aux installations pendant que les chasseurs prennent leur envol et gagnent le Nord Cotentin.

Mais pourquoi les problèmes de l’attentat se posent-ils ?

-  À l’arsenal de Cherbourg, des combustibles irradiés des réacteurs des sous-marins nucléaires sont stockés dans le secteur du Homet.

-  À Flamanville, les combustibles usés des réacteurs, après leur déchargement et avant de gagner La Hague, restent en piscine de refroidissement.

-  À l’usine de La Hague, plus d’une centaine de coeurs de réacteurs sont stockés en piscine avant ou sans retraitement (MOX). Les piscines sont couvertes comme des hangars.Ce n’est pas le seul endroit vulnérable de ces INB mais le plus évident.

- Le site Areva de La Hague -

Après l’accident de Fukushima, le Groupe de travail Inter CLI a fait un bilan des risques des installations du Nord Cotentin. Il a évoqué le dénoyage des piscines de refroidissement et le risque d’incendie nourri par le kérosène qui pourrait s’étendre dans les ateliers voisins.

Pro et anti-nucléaires sont tombés d’accord sur certains constats, sinon sur les solutions. Les uns ont demandé la « bunkerisation » des piscines, d’autres, la
diminution des apports de coeurs de réacteurs à La Hague.

Rien n’a changé depuis !

Annuler le risque en sortant du nucléaire

Il est apparu que le renforcement des moyens de police, de surveillance et d’intervention depuis Rennes, frôlaient le ridicule, et en l’occurrence renforçaient l’Etat policier.

Le CRILAN a alors rappelé que le premier moyen de réduire les risques était de sortir au plus vite du nucléaire, par le recours aux économies d’énergie, aux énergies renouvelables. S’inquiéterait-on en effet du survol de drones au-dessus de ces alternatives ?

Le pouvoir politique, militaro-industriel du nucléaire continue de se voiler la face dans sa prise de risques autruchienne.

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